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La vallée de l’Asse … C’est le soleil qui l’a faite !!

« Parce que tout le bonheur des hommes est dans les petites vallées. »


« On n’imagine pas les découvertes que l’on peut faire, ce pays est d’une malice inouïe. Il y a par exemple de petites vallées comme la vallée de l’Asse (…) et qui apporte les eaux drainées dans les hauts massifs des environs de Castellane. Large ouverte d’abord, elle porte dans ses bras d’admirables vergers d’amandiers (…) la terre est couleur de vieil or vert (…) on entre donc dans ce pays sévère et les quelques villages qu’on rencontre se cachent sous les yeuses et ne font pas de bruit. (…) Si on était dupe de ces malices on passerait à toute vitesse. On aurait tort. Dès qu’on le prend par la douceur, ce pays ne résiste pas. On tombe sur des Tahiti de gens éblouis qui se demandent comment vous avez fait pour les trouver et que vous surprenez en train de jouir de la vie. »
Jean Giono Provence
La balade du jour !

En ce jour du mois d’août, en descendant de Gréoux, nous sommes partis en direction de la vallée de l’Asse avec en tête la seule devise qui soit : « Le soleil n’est jamais aussi beau qu’un jour où l’on se met en route »… 

Et c’était tout à fait vrai, je respectais à la lettre les mots de Jean Giono que j’ai fait miens depuis fort longtemps.

Au rond-point de Manosque, nous entamons notre balade par la D4 avant de glisser vers la droite par la D907 à la découverte de cette vallée perdue qui devait nous réserver de bien belles surprises. 

Pays perdu certes, mais douceur de vivre, calme ambiant, chants d’oiseaux, papillons, prés, petits jardins, petits bois, petits villages, lavandes, fermes isolées et travaux des champs, un circuit tout en douceur et seuls au monde !!

Ici point de musées, de galeries, de monuments, le musée, il est à ciel ouvert et le spectacle de la nature sans cesse renouvelé.

« Tu vois cette vallée de l’Asse, eh ! bien, je vais te dire, c’est le soleil qui l’a faite (…)
Le premier rayon tapait toujours dans le plateau qui tremblait mais restait solide parce que c’était un bon plateau de main de maître. Seulement, le soleil, c’est tous les jours, et toujours la même force, alors petit à petit ça a fendu les os au fond de la chair de terre, et, lentement, le val s’est creusé à coups de rayons de soleil. Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché ses glaces et elle est descendue. Puisqu’il y a un chemin, tant vaut qu’on en profite, elle a dit. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
« Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché les glaces et elle est descendue… »

« Le long de ses eaux maigres, le monde devient petit sans rien perdre de ses possibilités de bonheur. Petits champs, petits prés, petits hameaux, petits vergers, des vies roulées en boule comme le chien au soleil. »
Jean Giono – Provence
A hauteur de Bras d’Asse

« Là, un banc frais de limon frais ayant gardé la forme des vagues. Plus au milieu, à plat en travers d’une île, dans les galets lisses et cerné par les eaux qui tremblent, un pin mort, ressemblant à l’épine dorsale d’un grand poisson. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« J’ai choisi cette vallée de l’Asse parce qu’elle est sévère et que pour tout dire, elle passe pour être pauvre. Elle s’enfonce en effet dans les montagnes où le climat est rude et la terre pleine de cailloux roulés. »
Jean Giono – Provence

Petite vallée paisible …

Le vieux Bras d’Asse…(village abandonné)

« Ce village, là-haut, sur l’échine galeuse de la colline et confondu dans la pierraille... »
Maria Borrély – Le dernier feu
Champ de lavande de la vallée de l’Asse

« C’est une bonne idée que tu as eue, Auguste, de faire des lavandes par ici.
– La lavande se contente d’une mauvaise terre et il lui faut du sec. »
Maria Borrély – Le dernier feu

…Où il est difficile, même en plein mois d’août, de se restaurer à l’heure du déjeuner !! Après avoir fait deux tentatives à Bras d’Asse selon les conseils du « Guide du routard » et où nous avons trouvé porte close, nous nous sommes installés à Mézel, un village typique comme on les aime et c’est à la terrasse du bar de l’avenue que nous nous sommes posés à l’ombre des platanes.

Après le déjeuner, il nous a fallu revenir sur nos pas pour retrouver à La Bégude blanche la petite route D108 qui nous a montés à Brunet … Le pays de Gaston Dominici, il y a habité et s’y est marié en 1903 (2) Nous sommes maintenant sur l’autre rive de l’Asse.

« D’Estoublon à Brunet en passant par la Bégude  (…) L’Asse crasseuse, roule son argile et bouillonne. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« Ce pays est d’une malice inouïe »

« Les pentes les plus hautes de ce département sont des déserts blancs, le reste des landes d’une infinie beauté, couverts de lavande, portant le silence et la paix, de fayard en fayard, sous le ciel si égal et si bleu que, dans l’exaspération de l’été, il blanchit comme un visage en colère. »
Jean Giono – Provence

Le village de Brunet

Pour arriver à Brunet, il faut le vouloir, un peu à l’écart de la route, il nous faut grimper jusqu’à lui, accroché à l’ubac du plateau de Valensole.
Brunet bénéficie d’une vue imprenable sur la vallée de l’Asse. Une poignée d’habitations disséminées entre deux chemins de terre faisant office de routes « carrossables », de belles maisons de pierre magnifiquement restaurées au milieu de la verdure, l’église et le château habités et privés et bien sûr beaucoup de charme. Une impression « d’entre- soi »… 
Le village est très ensoleillé, je souligne cela car pour une fois je ne suis pas du tout d’accord avec mon auteur préféré.

L’arrivée à Brunet, un air d’Hollywood !!

« L’accusé habite Brunet, Brunet est un village de la vallée de l’Asse (…) à quinze kilomètres de l’embouchure de la vallée, Brunet. Il est sur la rive gauche, c’est-à-dire sur le versant nord du plateau de Valensole, donc à l’ombre toute la journée (…) C’est un village de vieillards. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Brunet, une vingtaine de maisons noires, dans les bois noirs, sur le flanc noir du plateau de Valensole. L’exposition au nord dérobe le village au soleil. De la vallée de l’Asse il faut monter pour atteindre le village. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Mais pour celui qui voit les toitures de ce Tibet du bord oriental de la Vallée de l’Asse, il a ensuite à ses pieds, la vallée de cet affluent de la Durance, devant lui le plateau de Puimichel, un peu à sa gauche la montagne de Lure qui, maintenant barre tout l’horizon de l’ouest comme une muraille de Chine. »
Jean Giono – Provence

En montant jusqu’au rebord du plateau de Valensole

« Du village il faut continuer à monter pour atteindre le rebord du plateau… »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
Le plateau de Valensole avant l’orage

« Cependant, on arriva premiers au carrefour de Telle. (…)  Il y avait seulement le ronflement de l’Asse qui doucement, en bas, écartait ses limons, et le bruit du vent paresseux qui se balançait sur l’air mou de dix heures. Un homme était là à la source de cette route biblique qui s’appelle « La route des troupeaux » : une érosion de fleuve sur le dos sauvage de la colline. Il était près du poteau. »
Jean Giono – préface au Dernier feu de Maria Borrély

 « De là on accède en quelques kilomètres, à travers des forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. »(3)
Jean Giono – Provence

« Vous avez vu comment vivre dans un monde véritable donne une simple sagesse plus délicieuse que les fruits et l’eau fraîche des sources. »
Jean Giono – Provence

« On rêve d’avoir là, une pièce blanchie à la chaux et de ne plus partir »…
Jean Giono – Provence 

(1) et (3) Maria Borrély  auteur(e) du « dernier feu »: Maria et Ernest couple d’instituteurs à Puimoisson sur le plateau de Valensole et amis de Jean Giono. Le « dernier feu » raconte la mort du vieux village perché de Bras d’Asse et sa renaissance dans la vallée. Éditions Paroles – Collection main de femme
(2) Gaston Dominici – notes sur l’affaire Dominici  

Michèle Reymes