Cinquantième anniversaire de la disparition de l’écrivain,
Giono, l’âme forte de la Provence…
En arrivant gare Saint-Charles …
Gare Saint-Charles, terminus… Quelques pas rapides sur le quai avant de s’arrêter sur le parvis et faire une halte obligatoire, la ville est à nos pieds…
La bonne-mère veille sur l’ensemble.
Il suffit de descendre les escaliers monumentaux, de courir irrésistiblement vers la Canebière et enfin, nous y sommes…
Le Vieux Port tout de bleu vêtu, le marché aux poissons qui brade le reste de pêche du matin, une armée de mâts qui cliquettent sous une légère brise, chaque chose est à sa place.
Les terrasses de café s’animent, le « Ferry-boat » interpelle les passants pour un prochain départ, le clocher des Accoules sonne l’heure et nous, eh bien nous, nous avions tout simplement oublié combien tout cela était BEAU…!!
Oui nous y sommes…!!
C’est parti pour quatre jours d’immersion dans le monde gionien…!!
Ces lettres géantes sur la paroi de verre, quelle émotion, quel sentiment de fierté…
J’ai tant espéré cet instant, c’est une belle aventure qui commence et une grande reconnaissance pour Jean Giono… Pendant quatre mois, de jour comme de nuit ces lettres ont brillé sur la façade du Mucem et comme le dit mon ami André Poggio :
« Pendant plusieurs mois le nom de Giono s’est imposé à la vue d’autres milliers de touristes qui ne faisaient que se promener dans le quartier le plus spectaculaire de Marseille. Dans notre monde d’affichage, ce n’est pas rien. »
Quelques photos des « dessous chics » du musée, de son environnement majestueux et de son ouverture sur la « Grande Bleue ». Tout cela avant la grande découverte…!!
André Poggio, encore, a su mieux que personne trouver les mots pour nous raconter le lieu :
« Le plus grand mérite du Mucem est d’avoir été érigé dans un lieu merveilleux, entre les masses considérables du fort Saint-Jean et la cathédrale, avec la colline de Saint-Laurent et le Panier en contrefort, avec la mer comme échappatoire, oui le lieu est merveilleux.
Il ne peut qu’agir bénéfiquement sur tout ce qui vient y prendre place et il a eu l’humilité de se laisser dominer par son environnement. »
reliant Saint-Jean au Mucem
En pénétrant dans ces lieux j’espère beaucoup et j’attends énormément et très vite… je suis comblée.
Tant de belles choses, tant de manuscrits, tant de témoignages, tant de documents, tant de photos, tant de tableaux des peintres amis, tant de cinéma… Tout cela traité avec sobriété et élégance.
« Je ne peux pas oublier la guerre... »
« Je ne peux pas oublier la guerre. Je le voudrais. Je passe des fois deux ou trois jours sans y penser, et brusquement, je la revois, je la sens, je l’entends, je la subis encore. Et j’ai peur. »
Jean Giono – Je ne peux pas oublier 1934
Après une introduction très sombre et le passage de la tranchée, nous entrons dans une salle dédiée à Bernard Buffet, intitulée « L’enfer de Dante » et nous voici dans l’univers de Jean Giono…
« Je découvris que l’écriture pouvait être un dessin, je n’écrivais pas bien j’écrivais beau. »
« J’adore écrire, ma première pipe allumée, je m’installe. Tous les jours, c’est le même bonheur. J’aime les mots. Écrire c’est être libre ! »
Les nombreuses vitrines s’offrent à notre curiosité et à notre lecture. Les photos gigantesques du plateau de Canjuers et du Contadour nous proposent un décor à la mesure de l’homme, nous sommes bien en Haute-Provence ou plus exactement dans les Basses-Alpes !
Les salles se succèdent, toutes plus documentées, plus riches, on entre dans le domaine secret de l’écrivain.
On y aborde tous les sujets, on y parle ouvertement de ce qui fâche sans tabou, on explique, on apprend, on découvre, on ‘décortique’, on justifie, on admire…
Il y a les oeuvres des peintres amis, il y a les documents, il y a les cahiers, il y a les carnets, il y a les témoignages qui nous confortent dans nos connaissances.
Il faut aborder aussi des sujets plus sensibles et plus noirs :
Maladroit ? Imprudent ? Léger ? Jean Giono sera taxé à tort de collaborationniste en publiant des écrits durant la Seconde Guerre mondiale dans ‘La Gerbe’ et ‘Signal’, deux journaux de propagande, le premier français et antisémite et le second allemand. Hélas, ces malentendus laisseront des traces et alimentent encore de nos jours une certaine rumeur. Et pourtant …
Puis comme pour donner un peu plus de couleur et fuir la noirceur du sujet précédent, une jolie bibliothèque s’offre à notre regard, posée tout près d’une gigantesque fresque littéraire… Encore à la mesure de l’homme ! Bref on ne sait plus où donner de la tête !!
Après tant de lecture nous pénétrons dans un espace beaucoup plus divertissant, sonore et joyeux, le parcours consacré au cinéma. Une partie de l’oeuvre de Jean Giono va se lire en images !
Voici le cinéma de Jean Giono avec Crésus, de Marcel Pagnol avec Jofroi de la Maussan, de Jean Paul Rappeneau avec Le Hussard sur le toit, de Raoul Ruiz avec Les âmes fortes, de François Leterrier avec Un roi sans divertissement ou encore de François Villiers avec l’Eau vive.
De nombreux extraits de ces films sont projetés sur écran géant. Les affiches en grand format viennent illustrer l’ensemble rajoutant de la gaité, de la musique et de la couleur et évoquant en chacun de nous de tendres souvenirs. Marcel Pagnol tournera, après Jofroi, d’autres oeuvres de Jean Giono comme La femme du boulanger d’après un épisode de Jean le Bleu, Angèle d’après Un de Baumugnes , Regain…
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Jean Giono, artisan d’images…
Cette dernière partie de l’exposition retraçant l’oeuvre cinématographique de Jean Giono a été enrichie de lectures et de conférences à l’auditorium du Mucem sous la houlette de Jacques Mény et avec la participation de Nicolas Pagnol et Jean-Pierre Darroussin. Nous avons assisté à la projection de Jofroi, Crésus et le Hussard sur le toit.
Ce dimanche soir 19 janvier, après ces quatre jours de temps suspendu et la projection du Hussard sur le toit, je ne peux pas dire exactement ce que j’ai ressenti sur l’instant.
Je savais que c’était terminé, que la nostalgie était déjà en route.. et qu’elle allait très vite s’installer.
Je savais aussi que désormais tous ces souvenirs seraient gravés dans ma mémoire, que l’émotion et les sentiments de reconnaissance et de fierté étaient intacts ; que tout ce que je venais de vivre était tel que je l’avais imaginé et surtout, surtout, que je serais bien restée encore un petit peu en sa compagnie…
La vie est faite de petits bonheurs à partager et ce séjour marseillais en fut un… MERCI !!
De quoi faire quelques achats à la très belle librairie du Mucem
Et le magnifique et indispensable catalogue de l’exposition !!
Il nous reste les souvenirs, il nous reste à les écrire, il nous reste les photos, il nous reste les mots , il nous reste dès demain…qu’à écrire le mot FIN !
Dimanche soir… derniers regards sur le Mucem …
Lucien Jacques au musée Regards de Provence
« Le sourcier de Giono »
« Lucien Jacques est l’ami de Jean Giono pendant quarante ans et comme lui membre des « vraies richesses », celles qui sont liées à la terre et qui relèvent du plaisir des choses simples. C’est l’exemple même d’une croissance, d’un élan de vie, au service d’une résurrection de l’émotion devant le paysage et la nature morte. »
Roger Sailles – Catalogue Lucien Jacques 2019
En marge de l’hommage du Mucem nous avons pu voir au musée Regards de Provence, juste en face sur le parvis une exposition intitulée « Lucien Jacques, le sourcier de Giono. »
Cette exposition était riche elle aussi de l’oeuvre de cet artiste pluridisciplinaire comme le dit Jacky Michel, lui qui se charge à longueur d’année de faire reconnaître et perdurer l’oeuvre de Lucien.
« Quand j’ai connu Lucien Jacques, il y avait fort longtemps qu’il faisait partie de notre famille. Il était arrivé dans les années 1920 à Manosque pour rencontrer mon père. immédiatement, il s’est intégré, devenant un membre à part entière de la maison Giono. » (…) de quatre ans plus âgé que mon père, il était en communion d’idées avec lui. »
Sylvie Giono – février 2019 – Catalogne Lucien Jacques
Michèle Reymes
Novembre 2024
- Merci à Alain pour sa présence fidèle, son écoute et les bons moments,
- Merci à Michèle Écochard pour avoir partagé toutes ces belles journées avec moi,
- Merci à Michèle Ducheny et André Poggio (Trésorier de l’association des amis de J.Giono) pour leur aide précieuse et leur écoute attentive,
- Merci à Jacques Mény d’avoir partagé son immense savoir avec grand professionnalisme, sa disparition nous laisse un grand vide.
- Merci à Jean-Pierre Darroussin pour les belles lectures qui n’ont fait que conforter mon admiration pour cet artiste.
- Merci aux amis du Paraïs d’avoir oeuvré dans l’ombre,
- Merci à Sylvie Giono d’avoir permis tout cela…
- Merci le Mucem, merci Emmanuelle Lambert (commissaire de l’exposition Giono) et merci Marseille !!