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La Vallée du Jabron, quelques heures de bonheur…

Quelques heures de bonheur…

Je suis tombée sous le charme de cette petite vallée du Jabron.
À l’ubac de la montagne de Lure c’est un décor somptueux qui nous attendait, un magnifique terrain de jeu pour qui apprécie la randonnée, tout y est, le calme absolu, les champs de lavande bien fleuris, une belle activité agricole et de beaux corps de ferme bien préservés.

C’est donc à Lange (1), loin du tourisme de masse, que nous avons débuté cette randonnée entre ciel et terre dans une ambiance champêtre et harmonieuse. Le soleil tapait fort !!
Sur cette petite route D303, de nombreux hameaux éparpillés composent la commune de Châteauneuf-Miravail, les Patins, les Brochiers, les Curniers, les Costeliers…
Partout, une architecture caractéristique du pays de Haute-Provence, entretenue dans le respect des traditions.

Peu après avoir traversé à gué le torrent de Druigne, notre chemin a aussi croisé celui d’un cavalier qui franchissait le pas de Redortiers « comme un épi d’or sur un cheval noir ». C’est aux Omergues au fond de la vallée qu’Angelo, notre Hussard, découvrit les premières victimes du choléra. Dans le film, Jean-Paul Rappeneau a transposé cette scène au hameau des Brochiers.
D’après le livre de Jean-Louis Carribou15 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono – Tome 2 (Marcher un livre à la main).

Sur la D303 donc, voici que se profile Les Brochiers, c’est un bel ensemble d’une architecture provençale très ancienne.
Une poignée de maisons regroupées sur un promontoire au-dessus de la route et qui me font penser au Rocher d’Ongles.
Nous sommes au coeur d’une scène importante du film…

La boîte aux lettres des Curniers…

Malgré notre départ aux aurores, la chaleur est intense, nous traversons d’abord le hameau des Curniers (jolie fontaine et boîte aux lettres), puis à la sortie du hameau des Costoliers, un sentier s’élève sur la gauche en direction de l’église Saint-Mary et des ruines du château des Graves.
Le détour vers le château ne se fera pas, il fait trop chaud…
Le chemin se fait plus petit et serpente en plein soleil au-dessus de deux combes vertigineuses et minérales avant de se perdre sous les ombrages.
Il se faufile maintenant entre quelques ruines, un ruisseau, d’anciennes parcelles cultivées et de la lavande pour arriver à l’église Saint-Mary.

L’ancienne école et l’église Saint-Mary

L’ancienne école a été reconstituée telle qu’à l’époque avant 1850, elle se trouve en dessous du préau et se visite sur demande à la mairie de Châteauneuf-Miravail (voir aussi l’association des amis de Châteauneuf-Miravail).
Cet édifice date du XIIIe siècle.
Le site est très agréable, beaucoup d’ombre , un cimetière et un joli préau restauré et aménagé pour le repos du randonneur.
A cette hauteur la vue sur la vallée et ses hameaux est superbe.

La vue depuis le préau, au loin le hameau des Brochiers

Après un repos salvateur, au bord du chemin, au milieu des champs de lavande, nous abordons un oratoire dédié à Saint Sébastien. Cet oratoire a été édifié pour remercier le saint d’avoir protégé Châteauneuf-Miravail de l’épidémie de choléra de 1884.

L’oratoire dédié à Saint Sébastien

Cette belle escapade se termine, avant de retrouver le point de départ, nous traversons de nouveau pêle-mêle, prairies agricoles et lavande à perte de vue…
Un merveilleux souvenir !

Sur la route du retour, une pause bien méritée et rafraîchissante au bistrot du village de Noyers-sur-Jabron…

Du haut de Lure, la vallée du doux Jabron

(1) Pour en savoir plus sur le hameau de Lange et la vallée :

Le Père Clerc, histoire d’un abbé Félibre des Basses-Alpes de Annie Faravel et André Poggio – Le père Eugène Cler était natif de Lange.

Michèle Reymes







Michèle Reymes

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Saint-Julien-en-Beauchêne et Beaumugne…

Terre de vacances et d’inspiration…

« Ici il fait délicieusement frais le jour et merveilleusement froid la nuit. »
Jean Giono lettre à Lucien Jacques – août 1928 – Cahier Jean Giono, tome 1

« Ici, nous sommes à la limite de la Provence et des Alpes, pas très loin de cette vallée où la Durance charrie en même temps que les grosses pierres de la montagne le gros et bon esprit montagnard … »
Jean Giono – Les Vraies Richesses

Implanté à 923m d’altitude, au confluent des torrents du Grand Büech et de la Bouriane, en bordure de la forêt de Durbon, Saint-Julien-en-Beauchêne était autrefois une station de moyenne altitude.
Le village était fréquenté en particulier par une clientèle provençale qui y trouvait un climat favorable et salubre (air pur et sec). C’était une étape touristique sur la RN 75 reliant Nice à Grenoble et appelée « route d’hiver des Alpes ».
C’est donc après plusieurs séjours dans le Beauchêne en compagnie de son épouse et de ses filles Aline et Sylvie, à partir de 1928, que l’écrivain publia le livre Un de Baumugnes, en référence au petit hameau perché non loin du village et dont il ne reste que quelques maisons et une chapelle.
Outre Jean Giono, le peintre Paul Signac a séjourné à Saint-Julien et résidait à l’hôtel des Alpins, il y a peint de jolies aquarelles du village entre fin juillet et début août 1914. (source internet)

« La route des Alpes est une merveille. Saint-Julien vous accueillerait volontiers avec sa simplicité , sa rudesse. »
Jean Giono Lettre à Jean Paulhan, sept 1931 – Cahier NRF, correspondance 1928/1963

« Nous avons loué un appartement 3 pièces (1), deux chambres à Saint-Julien-en-Beauchêne, Hautes-Alpes. »
Jean GionoLettre à Maxime Girieud, juin 1928 – Cahiers Jean Giono, tome 1.

Trouver cette maison n’a pas été facile… Mais un petit mail au maire de la commune, M. Jean-Claude Vallier, une réponse sympathique et très intéressante et le tour était joué ! En voici la copie :

« Cette maison est à l’angle de la rue du Dauphiné, et la rue de Provence. Je ne suis pas allé sur Google Earth, où je pense que vous pouvez la voir également.
Elle est à peu de distance du « Café du peuple », qui n’existe plus en tant que café, mais est devenu une habitation particulière. Juste en face de la maison Giono, il y avait un autre « bistrot », le « Café du Centre ».  Je serais enclin à penser que le
« Prélude de Pan », écrit par Giono,  est inspiré de « festivités » dans le Café du centre, et je pense aussi qu’ à son époque, les habitants allaient régulièrement dans les « bistrots » de la commune, qui étaient bien plus nombreux qu’ils ne le sont aujourd’hui.

Enfin, Giono circulait beaucoup, à l’époque, les trains avaient la bonne idée de s’arrêter dans toutes les communes traversées, et beaucoup de gens utilisaient ce moyen de se déplacer. Maintenant, la Région a rétabli une circulation d’autorails, qui traversent nos communes sans s’arrêter, ce qui revient à dire qu’ils ne rendent pas le service que les habitants pourraient en attendre. On n’arrête pas le progrès… »
J.C. Vallier, Maire de Saint-Julien

 « Depuis longtemps je viens dans ce maigre village de montagne ; il est aux confins de ma terre ; il est aux lisières des monts, assiégé de renards, de sangliers, de forêts et d’eau glacée. De hauts pâturages dorment au milieu des nuages ; le ciel coule et s’en va sous le vent ; il ne reste là-haut que le vide gris et les vols d’aigles silencieux comme le passage des ombres. »
Jean Giono – Solitude de la pitié

Quelques images du village, au fil des rues…

Entre Hautes-Alpes et Haute-Provence…

« Ça se passait au jeu de boules avec le chef de gare et le capitaine d’habillement de Grenoble en congé. Je buvais l’anis comme feu Verlaine et je passais des soirées dans un bistrot à allure de caverne à brailler des chansons piémontaises avec accompagnement d’accordéons. »
Jean Giono Lettre à Lucien Jacques – août 1928 – Cahier Jean Giono, tome 1

« Ce 4 septembre, donc, on écarta les volets, et c’était le beau temps. Ceux du café du Peuple avaient planté un mai devant leur porte. (…) Ceux du café du Centre avaient installé des tréteaux jusque sous l’arbre de la Liberté. Le lavoir était plein de bouteilles qui fraîchissaient sous l’eau. L’épicier avait commandé à son cousin du Champsaur une caisse de tartelettes, et il était sur le pas de sa porte à les attendre, et il disait à ceux qui passaient :
« Vous savez, je vais avoir des tartelettes. »
Et on pensait :
« Bon, ça fera bon dessert. »

Jean GionoSolitude de la pitié

Un de Baumugnes. « De simples histoires d’espérance… »

« C’est « Un de Baumugnes » qui nous a mis dans ce train. Cette ligne est même le meilleur itinéraire pour repérer la géographie du roman. Puisque tout au long de la voie ferrée, les lieux se succèdent comme dans les pages du livre.
(…) Mais c’est une fois franchi le col de la Croix-Haute seulement, qu’on entre dans « Un de Baumugnes ». Car voici Saint-Julien-en-Beauchêne, où naquit ce roman. »

Dominique Le Brun – Le bâton de Colline

Sur la D 1075 qui descend vers la Haute-Provence et le val de Durance, à la sortie de Saint-Julien, il y a sur la gauche cette petite pancarte qui m’a longtemps attirée, ce qui y était écrit aiguisait chaque fois ma curiosité…
Moi aussi c’est Un de Baumugnes qui m’a mise sur cette toute petite route bordée de chênes verts qui serpente à flanc de colline, deux véhicules ne peuvent se croiser, il faut rouler doucement et profiter du paysage.
Quelques sommets, des forêts, des prairies, la rivière, une fromagerie, une chapelle et enfin une poignée de maisons forment ce joli hameau. 
Et là soudain, beaucoup d’émotion, je suis à Baumugnes (2)… 

« Dans le matin, si tu arrivais, au bout de ton pas, sur le rebord de Baumugnes (c’est guère possible, mais admettons) si tu arrivais, dans le matin, ce serait dix maisons et le poids silencieux de la forêt. »
Jean Giono – Un de Baumugnes

« Je passe à l’embranchement où est planté le poteau : « Route de Baumugnes ». Je m’arrête un moment. L’air est glacé.(…) Le vent fait toujours le même sifflement dans les rochers qui marquent l’ouverture du chemin. Il me semble que je suis revenu au temps où j’écrivais ici mon livre. Parmi vous qui m’avez aidé, parmi vous qui avez tout fait. »
Jean Giono – Les Vraies Richesses

 » Dans la plupart de ces maisons, mes livres sont sur la cheminée de la cuisine, entre la boîte à sel et le bougeoir. Et on les prend pour ce qu’ils sont  : de simples histoires d’espérance. »
Jean Giono – Les Vraies Richesses
« C’est beau, c’est bon, c’est large et net. »

« Moi, j’ai dans moi Baumugnes tout entier, et c’est lourd parce que c’est fait de grosse terre qui touche le ciel, et d’arbres d’un droit élan ; mais c’est bon, c’est beau , c’est large et net, c’est fait de ciel tout propre, de bon foin gras et d’air aiguisé comme un sabre.
Baumugnes !
La montagne des muets ; le pays où l’on ne parle pas comme les hommes. »
Jean Giono – Un de Baumugnes
« Au bord des profondeurs bleues… »

« …Et ils sont arrivés sur cette petite estrade de roche, au bord des profondeurs bleues, tout contre la joue du ciel, et il y avait encore un peu de terre à herbe, et ils ont fait Baumugnes… »
Jean Giono – Un de Baumugnes

Fresques publicitaires et fontaines…

Cette halte annuelle à Saint-Julien reste incontournable.
Me rapprocher de l’écrivain sur cette route des vacances, marcher dans ses pas toujours en quête de l’oeuvre, c’est idéal pour se préparer à rejoindre le cher pays de Haute-Provence.


Et pour finir une belle petite adresse, le restaurant de « l’hôtel les Alpins »(3) à Saint-Julien. Belle terrasse, service sympathique, assiettes copieuses et délicieux produits du pays !

Le 23 Octobre 2023,
Michèle Reymes

(1) Monsieur et Madame Bertrand, cultivateurs aisés en retraite, chez qui Jean Giono avait pris pension à Saint-Julien.
(Note dans Cahier Giono, tome 1)
(2) Baumugnes, orthographié selon…(Beaumugne ou encore Baumugne)
(3) Hôtel « les Alpins » autrefois appelé « hôtel des Alpins ».

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Le Mont Aiguille, sentinelle du Vercors « L’admirable monde »…

Une émotion toute particulière…

Quand on a passé Grenoble, une dernière aire de repos et c’est la fin de l’autoroute A 51. Là il faut obligatoirement marquer l’arrêt, le grand spectacle commence…
Il faut savoir prendre son temps, lever les yeux et savourer avant de continuer…
C’est le balcon Est du Vercors, une sorte de forteresse imprenable faite de vertigineuses falaises de calcaire bordées de hauts-plateaux et de belles forêts qui semblent partir à l’assaut des sommets.
Il faut comprendre que ce sont des espaces capables de soulever une émotion toute particulière, le coeur se serre un peu et s’emballe, les yeux sont humides, c’est tout simplement parce que c’est très beau et que l’on est heureux de tant de beauté !

Une dernière aire de repos qui laisse présager de belles choses…

Vercors insolite et douceur du Trièves

Cette année une visite s’impose.
Celle de faire un détour par Chichilianne et m’approcher au plus près de ce mont Aiguille qui culmine à 2 087m d’altitude, le « mont invincible », celui que j’ai toujours contemplé de loin et qui me paraissait inaccessible. Chichilianne c’est une petite commune du Trièves, agréable, calme et tranquille, un lieu chargé d’histoire, paradis des randonneurs et de l’escalade. Ce village est posé au pied du Mont Aiguille et du Grand Veymont (point culminant du Vercors avec 2 341m) dans un décor très champêtre.

« Et c’est ainsi que je me suis trouvé un jour à Chichilianne, petit village du Trièves. Qui connaît le Trièves ? Faute de correspondre à une entité administrative, ce nom ne figure, pour ainsi dire, sur aucune carte. Précisons donc tout de suite qu’il se trouve au sud de Grenoble en direction de Gap, à l’est du massif du Vercors. »
Dominique Le Brun – Le Bâton de Colline, sur les chemins de Provence en lisant Giono.

« Le Trièves forme un embrouillamini de collines, de vallées, de plateaux dans le sud de Grenoble, entre les falaises du Vercors, le cours du Drac et le massif du Dévoluy (…) Giono y trouva un pays de caractère qui ne manqua pas d’exciter son imaginaire pourtant fécond. »
Dominique Le Brun – Le Bâton de Colline, sur les chemins de Provence en lisant Giono.(1)
Le Trièves

Jean Giono s’est attaché au Trièves à la suite de la visite que lui avait faite à Manosque le peintre Édith Berger qui s’était installée à Lalley où elle occupait les fonctions de secrétaire de mairie.
C’est après avoir passé l’été 1931 à Saint-Julien-en-Beauchêne, un peu plus bas, que Jean Giono vient pour la première fois en Trièves. Pendant ces étés-là il occupera à Lalley la maison louée par le maire de la commune. Plusieurs de ses romans auront pour cadre cette terre d’inspiration et notamment Un roi sans divertissement qui se passe en partie à Chichilianne. (source : Le Trièves de Jean Giono)

À Chichilianne, « Un roi sans divertissement »

« Le roman nous promène dans toute la partie du Trièves qui monte vers le col de la Croix Haute (…) On entre avec Frédéric dans Chichilianne, au pied du Mont Aiguille, on suit Langlois à Sainte-Baudille, et même jusqu’à Grenoble, mais on a constamment le sentiment que le paysage familier, si reconnaissable soit-il, prend peu à peu une autre signification, devient un lieu magique où s’opère la transformation des individus à la recherche de leur vérité intérieure, fût-ce le monstrueux qui réside en eux. »
René Bourgeois et Jean Serroy – Patrimoine en Isère.(2)

« Frédéric a la scierie sur la route d’Avers. Il y succède à son père, à son grand-père, à son arrière-grand-père, à tous les Frédéric. »
Jean Giono – Un roi sans divertissement
Petit clin d’oeil à la scierie de Frédéric sur la route d’Avers…

« M.V. était de Chichiliane (3), un pays à vingt et un kilomètres d’ici, en route torse, au fond d’un vallon haut. On n’y va pas, on va ailleurs, on va à Clelles, on va à Mens, on va même loin dans des quantités d’endroits, mais on ne va pas à Chichiliane. On irait, on y ferait quoi ? On ferait quoi à Chichiliane ? Rien. (…) C’était donc très extraordinaire Chichiliane.
Jean Giono – Un roi sans divertissement
Chichilianne, la place de l’église.

« Cette fois Frédéric II prend le pas de course. C’est ainsi qu’il tombe tout à coup sur un village dans lequel l’homme est en train d’entrer (…) Mais l’homme, après la grande rue, traverse la place de l’église. Il entre dans une autre rue, très belle et très propre ; large ; Les maisons sont cossues. (…)
Jean GionoUn roi sans divertissement
Mairie de Chichilianne
Le café de la place (anciennement hôtel du Nord et Allemands) Juillet 2023

(…) Il y a deux choses à faire : savoir le nom du village ; ici qu’est-ce que c’est ? (…) et manger un bout de pain. Le nom du village, le plus simple c’est d’aller à la mairie (…) À la mairie, dans le couloir, il n’y a pas besoin d’aller plus loin, il y a l’affiche d’une adjudication de coupe « Mairie de Chichiliane » et maintenant (…) une boulangerie où il achète deux sous de pain et le café de la place où il demande deux sous d’eau de vie dans laquelle il trempe son pain.
Jean GionoUn roi sans divertissement

« Sur les chemins de Provence en lisant Giono… »

Ce sont les romans de Jean Giono qui m’ont fait connaître et aimer cette belle région du Trièves. Opter pour la marche avec un livre à la main est la meilleure solution pour découvrir un pays. La géographie et la littérature ne sont alors qu’un seul et même guide.
Après la lecture d’Un roi sans divertissement, j’ai choisi la compagnie du livre de Dominique Le Brun, Le Bâton de Colline, sur les chemins de Provence en lisant Giono ; c’est ainsi que je suis arrivée à Chichilianne, Lalley et même Saint-Julien-en-Beauchêne. Ces petites enquêtes touristiques et littéraires m’entraînent chaque fois dans des paysages réels ou imaginaires chers à l’auteur.
Je reviendrai à Chichilianne pour approfondir encore mes connaissances et me laisser fasciner un peu plus par cette forteresse de pierre, ce mont solitaire et majestueux (4).

Michèle Reymes
04/10/2023

(1) « Le Bâton de colline, sur les chemins de Provence en lisant Giono » – Dominique Le Brun – Éditions Cheminements.
(2) « Le Trièves de Jean Giono » – René Bourgeois et Jean Serroy – Patrimoine en Isère, Musée Dauphinois Grenoble.
(3) Dans son roman « Un roi sans divertissement » Jean Giono orthographie Chichiliane avec un seul « n ».
(4) Antoine de Ville, seigneur de Lorraine, capitaine de Charles VIII, premier alpiniste à gravir le Mont Aiguille en 1492 et considéré comme un pionnier de l’alpinisme.

Géographie des lieux
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Gréoux-les-bains, l’oasis romantique du Verdon…

Le charme de Gréoux…

Gréoux-les-Bains (anciennement orthographié Gréoulx) se situe au coeur de la Haute-Provence, aux portes des gorges du Verdon. C’est une station thermale réputée, le bienfait de ses eaux convient aux rhumatismes et aux voies respiratoires mais c’est avant tout un gros village provençal de caractère.
Jean Giono venait se reposer à Gréoux, il quittait l’été les grosses chaleurs de Manosque pour se réfugier chez ses amis Cadière .
Antoine Cadière était le directeur de l’établissement thermal , l’écrivain venait de ce fait y soigner sa goutte. C’est là dans cette propriété décrépite mais pleine de charme qu’il a reçu pendant plusieurs mois Jean Amrouche et Marguerite Taos-Amrouche pour l’enregistrement de ses entretiens. (1)

Lettre à Marguerite Taos-Amrouche (1) :

« Chère amie, (1948) Je désirerais aussi vous avoir pendant quelques temps ici pour que nous orchestrions plus soigneusement que par lettre ce qui doit être fait. Voilà ce que je vous offre. Il y a ici, à cinquante mètres de chez moi, plein soleil, trois pièces. Elles sont à vous. Venez , et venez tout de suite. »
Jean Giono –  J’ai ce que j’ai donné
Triste sort pour la maison de monsieur Cadière…

Aujourd’hui la maison de monsieur Cadière, propriétaire des thermes de Gréoux de cette époque, est réduite à l’état de ruine, quatre murs noircis et en partie effondrés, envahis de végétation et de ronces. La société des thermes à qui elle appartient maintenant l’a laissée à l’abandon, elle a aussi été utilisée lors d’exercices incendie par les pompiers de la ville. Hélas il n’y a plus rien à en faire…!! C’est beau et c’est triste, les ruines, ces lieux qui ont vécu, ces murs qui ont abrité et entendu tant de choses réduits aujourd’hui au silence et à l’abandon…

« Ce pays a un charme »

Le charme des berges du Verdon


Écoutons ce que Jean Giono a à nous raconter…

« Je ne connais pas d’endroit plus guérisseur de l’ennui que Gréoulx.
De même que cet endroit béni guérit les rhumatismes avec les vieux remèdes des eaux plus anciennes que le monde… Ce pays dont je veux énumérer les charmes guérit l’ennui avec les remèdes créés par Dieu à cet usage. Les seuls remèdes, à mon avis et j’aimerais bien qu’on soit dès l’abord d’accord avec moi sur ce point. »
Jean Giono – Provence
Les thermes gallo-romains de Gréoux

Juillet 1949 – extraits de lettres de Jean Giono à son épouse Élise et à ses filles :

« …Avant de faire ma valise j’ai voulu, ma petite Zizi, te faire tout de suite ce mot parce que je sais qu’au fond, tu languis un peu. Je te récrirai de Gréoux après avoir vu le docteur et commencé la cure… » 

« …Il fait ici le Sénégal !! Ici, cependant, ne veut pas dire Gréoux où les hauts ombrages, la maison fraîche où je suis, sont délicieux. (…)
Moi, j’en suis maintenant à 30′ de bain par jour. Je me sens merveilleusement bien. C’est tout à fait miraculeux. Tout de suite après le bain je me recouche très couvert ! pour deux heures de repos absolu. (…) Je retourne voir le Dr mercredi pour qu’il marque l’horaire suivant. (…) pour l’instant il dit que je suis dans une forme parfaite. La tension dont je t’ai parlé est à son avis, quoique un peu élevée, tout à fait négligeable et d’ailleurs, dit-il passagère (…) Pour la première fois, je suis absolument seul. Les Cadière, qui sont des anges, montent une garde sévère autour de moi. Je passe des jours sans dire un mot. C’est un délice. Tu auras cet hiver un mari tout neuf et les filles auront un papa plus jeune qu’elles !! »

« C’est pourquoi je reste à 30′ de bains par jour. Le Dr m’a dit qu’il attendait encore avant de me donner des remèdes hypotenseurs et que d’ailleurs, il a répété : cette tension n’est pas anormale eu égard au travail intellectuel que vous faites, à la place des remèdes j’aimerais mieux que vous fassiez une cure de silence (ne pas parler) et de solitude. C’est ce que je fais magnifiquement grâce à monsieur et madame Cadière qui sont aux petits soins pour moi et me défendent comme des lions … »
Jean Giono –  J’ai ce que j’ai donné

Ou encore dans Provence :

« Prenez donc le rageur le plus enragé et amenez le ici, par exemple un matin de juin, à l’heure où le ciel hésite entre le bleu dur et le vert tendre, pendant que démarrée des lointaines Alpes, la flotte des nuages s’essaie à des régates pleines de fantaisie, quand le duvet de la nuit brille encore sur les feuilles et sur les herbes.
S’il résiste aux vingt cinq premiers pas qu’il fait sous les tilleuls pleins de fleurs, si le parfum qui gonfle ses poumons ne lui fait pas oublier toutes les odeurs qui jusque-là excitaient ses glandes, si vous ne voyez pas son visage rajeunir à une vitesse stupéfiante, ses yeux redevenir naïfs et sa bouche s’arrondir comme celle des nourrissons, c’est qu’il n’y a plus d’espoir pour lui. (…) Mais je ne crois pas qu’il puisse résister aux vingt-cinq premiers pas. »
Jean Giono – Provence

Aussi ce que Jean Giono fait dire à un certain Mirabeau -Tonneau qui est à la tête des « Hussards de la mort » de la Brigade de Coblence : 

« Sur les conseils de Madame Pierrisnard, j’ai vu Gréoulx (…) 
Dès mon arrivée ici j’ai été payé de ma constance (…) rien n’est plus propre au bonheur, à la paix, à l’élan d’une sereine pensée. Imaginez-moi, entrecoupant de sérieuses confrontations morales avec l’air de Choris si tant est que l’aurore… que je fredonne sans cesse et sans souci de chanter juste. Voilà l’état où m’ont mis et les ombrages et la fraîcheur… » (…)
« Voilà notre Tonneau loin des Hussards de la mort , il est à Gréoulx et il fredonne Lulli (…)
Voici donc ce que disent des charmes de Gréoulx, les voyageurs authentiques ! »
Jean Giono – Provence

Ou à un certain Président des Brosses (Un Bourguignon de Dijon ) :

« Un soir l’étape se fait à Gréoulx par pur hasard :
Vous vous imaginez que je suis en Italie, rien ne va plus vite qu’un fauteuil. Moi qui ne me déplace qu’en réalité, j’approche à peine des abords. Pour tout dire,   je suis en Provence. Plaignez-moi, c’est l’aridité même. Je mendierais le ciel, après quatre jours de soleil infernal, si je n’étais depuis deux jours qui ne devraient jamais finir, dans un village où l’on prend les eaux et qui s’appelle Gréoulx ». 
Jean Giono – Provence

Ou bien à son « bien-aimé » Stendhal :

« Ah ! le cher homme, lui aussi parle de Gréoulx et en quels termes vous allez voir. Mais il n’y est pas venu (…) et que dit-il de Gréoulx ?
« J’ai, dit ce voyageur en chambre, passé la Durance, près d’une chapelle qui domine les galets de ce fleuve tapageur et gris (…) j’y suis arrivé à trois heures de l’après-midi rôti de soleil et couvert de poussière. (…) Ici tout s’est apaisé, mauvaise humeur et démangeaisons. L’eau des bains est onctueuse comme de la crème de lait et je ne connais pas de bonheur plus grand que celui que j’ai eu ensuite : déambuler dans du linge frais sous l’ombrage d’immenses platanes. Il faut dire que la société ici porte sur son visage le ravissement et la paix. C’est contagieux. » 
Jean Giono – Provence

« Le ravissement et la paix… »

La médiathèque Lucien Jacques

C’est à l’occasion d’une première visite à Gréoux à l’été 2015 que nous nous sommes rendus à  l’ exposition Serge Fiorio (2) organisée par André Lombard (3) et Jacky Michel (4) à la médiathèque « Lucien Jacques » (5).

Cet hommage au peintre, dont Jean Giono était le cousin, était riche de belles oeuvres que nous n’avions jamais pu admirer.
André Lombard, en raison de la grande amitié et proximité qui le liait à l’artiste, a su nous faire découvrir l’homme et l’artiste qu’il était.

A l’exposition

Le « Vieux Moulin » de Lucien Jacques

Lucien Jacques (Collection personnelle)

A Gréoux, il faut aussi parler de Lucien Jacques. Ici c’est le siège de l’association des amis de Lucien.
C’est au 10 rue Fontaine vieille que nous avons rencontré monsieur Jacky Michel (4) (fils de Yvon Michel, le cordonnier) et président de l’association.
Nous avons pu découvrir quelques trésors et documents qu’il nous a gentiment montrés et expliqués, retraçant l’oeuvre immense de cet artiste « multi-cultures » et « touche-à-tout ».
Lucien Jacques a résidé à Gréoux les 6 dernières années de sa vie, de 1955 à 1961 et sa maison, le « Vieux Moulin », en ruine lui aussi, se trouve en centre ville tout près des thermes et de la médiathèque. Pendant notre séjour une belle exposition se tenait à la médiathèque, intitulée « Lucien Jacques et l’Egypte ».

« Antoine Cadière, le propriétaire des thermes, mettant le « Vieux moulin » à sa disposition, Lucien Jacques garde sa maison de Montjustin mais part s’installer à Gréoux-les-Bains. (…) Il retrouve avec émotion dans l’atelier du cordonnier Yvon Michel les odeurs et visions de son enfance n’ayant pas eu de vie de famille, il trouvera chez les Michel chaleur et réconfort. »
Jacky Michel – Association des amis de Lucien Jacques
Yvon Michel dans son atelier (photo Gréoux-les-bains)

Yvon Michel le cordonnier de Gréoux parle de son ami Lucien Jacques, le locataire du Vieux Moulin

« C’était un être exceptionnel. Nous l’avons assisté les six dernières années de sa vie, jusqu’à la fin. Pour nous, c’est toujours « hier ». Il est toujours vivant dans nos coeurs. Pour ma part, je sais tout ce qu’il m’a apporté ; par sa sagesse, sa façon si juste de juger les choses dans tous les domaines, par son intelligence (…) je sais ce que j’ai perdu lorsqu’il est mort. »
Extrait d’une lettre de Yvon Michel à son ami Christian Bernard (Bulletin des amis de Lucien Jacques n° 3)

(…) « Dimanche prochain, par exemple, tu ou vous pourriez venir déjeuner à Gréoux. Si décidé, donne un coup de fil au 39, le bistrot (M. Valette) face à Michel le copain cordonnier qui m’avisera. »
Lucien Jacques (5) – Lettre à Alfred Compozet 1955 ( bulletin des amis de LucienJacques n° 12)

« Quelques heures plus tard, nous retrouvions Lucien et le conduisions au Vieux Moulin de Gréoux où il travaillait et demeurait. Trois personnes nous attendaient sur le seuil : Charles Vildrac, son épouse, et une troisième personne à qui nous n’eûmes que le temps de serrer la main et qui partit vers ses occupations. C’était un homme, la quarantaine, les yeux très bleus. Lucien nous appris que c’était le cordonnier de Gréoux, son ami. C’était Yvon Michel, le dernier ami de Lucien.
Christian Bernard 2006 – (bulletin des amis de Lucien Jacques n° 3)

Pour terminer cette agréable promenade, je vous emmène sur les berges du Verdon où vous aurez plaisir à venir vous poser et rêver !!

« Ici le soleil pense tout haut, c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation… »
Jules SupervielleEmbarcadère 1922

Pour terminer cette jolie balade culturelle, je vous parlerai moi aussi  de la douceur et du charme de Gréoux et surtout des délicieuses promenades au bord du Verdon…
Lorsque je dis « délicieuses promenades » je pèse mes mots, c’est un enchantement au plus chaud de la journée (et il faisait très chaud pendant notre séjour) que de se réfugier sur les berges de la rivière. Vous y trouverez la fraîcheur des ombrages, une multitude de petits canards et autres petits oiseaux, tout un monde de petits habitants discrets qui jouent avec les roseaux et les rayons du soleil.
Vous trouverez des bancs propices à la lecture, à la rêverie, au repos et à la méditation, le doux bruit de l’eau, tout sera réuni pour vous sentir serein et apaisé…

Quelques bonnes adresses :
Le bar restaurant Les Marronniers – Très agréable terrasse ombragée et bonne cuisine locale (réservation conseillée)
Le moulin à huile de Gréoux – bonne huile d’olive BIO
Le grand marché provençal – le jeudi et tous ceux de la région…
Le centre de congrès de l’Étoile et ses nombreuses programmations.
La médiathèque Lucien Jacques et ses expositions.
– Les nombreux commerçants et restaurants de Gréoux.
– La proximité du lac d‘Esparron-de-Verdon et des villages du Haut-Var tout proche : (Valensole, Puimoisson, Vinon-sur-Verdon, Saint-Julien-le-Montagnier, La Verdière, Rians, Saint-Martin-de-Pallières, Varages)…

Michèle Reymes
**Re-lecture Michèle Ducheny

(1) Entretiens Jean Giono- Jean et Marguerite Taos Amrouche -Éditions Gallimard.
2) Serge Fiorio : Artiste peintre, dont Jean Giono était le cousin.
(3) André Lombard : Ami de Serge Fiorio, auteur de Pour saluer Fiorio et Habemus Fiorio aux éditions La Carde Editeurs et du blog Serge Fiorio canalblog.
(4) Jacky Michel : Président de l’association des amis de Lucien Jacques, fils d’Yvon Michel.
(5) Lucien Jacques : Poète, peintre, sculpteur,  danseur et grand ami de Jean Giono.

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On est toujours curieux…

« En réalité il s’agit d’une grande passion… »

« Une naïveté fort respectable… »

« On est toujours curieux d’un artiste. On a beau être intéressé par ce qu’il fait, et même par-dessus tout, vient un moment où on se demande comment il est. (…) C’est une curiosité naturelle et qui satisfait ce qui semble être une petite passion. En réalité il s’agit d’une grande passion. (…) C’est vouloir à toute force avoir confiance en l’homme. Je trouve cette naïveté fort respectable. »
Jean Giono – Présentation de la revue Parenthèses 1955 (Dans Giono de Pierre Citron)
Dessin de Lucien Jacques.

Au détour de ces nombreuses balades Hautes-Provençales ou ailleurs, j’ai trouvé, souvent par le plus grand des hasards quelques signes qui m’ont transportée immédiatement dans ce « pays bleu » auprès de celui qui a su si bien l’écrire et nous le faire vivre…
Des rues, des chemins, des allées, des avenues, des impasses, des andrones, des résidences, des espaces rendant hommage à l’auteur et me rapprochant un peu plus des oeuvres et des personnages qui les habitent. 
Ce sont des lieux qui invariablement font référence à  Jean Giono.

Commençons cette promenade…  Forcalquier, Pernes-les-Fontaines, Manosque, Chateaurenard, Saint-Julien-en-Beauchêne, Sarlat, Paris, Mérignac et même jusqu’à Bordeaux et Marseille… 

Et puis il y a eu en décembre 2020 d’inépuisables souvenirs, si forts, si présents, si émouvants au moment du cinquantenaire de la mort de Jean Giono avec la magnifique exposition du Mucem à Marseille… !!

Comme pour mieux apprécier les lieux…

Le Paraïs

« Un palmier, un kaki, un bassin grand comme un chapeau, cinquante vignes, un pêcher, un abricotier, un laurier, une terrasse ; et là on vit tous ensemble… »
Dictionnaire GionoClassiques Garnier

Ce sont des lieux qui nous mettent en éveil, c’est Lurs et l’affaire Dominici, c’est Elzéard Bouffier, « L’homme qui plantait des arbres », c’est Beaumugne, ce hameau du pays de Buëch, ce sont les eaux tumultueuses de la Durance à Embrun…

Elzéard Bouffier, « l’homme qui plantait des arbres« 

« Il s’appelait Elzéard Bouffier. (…) Il avait jugé que ce pays mourait par manque d’arbres. Il ajouta que n’ayant pas d’occupations très importantes, il avait résolu de remédier à cet état de choses. »
Jean Giono – L’Homme qui plantait des arbres

Beaumugne

« Le petit ? Quoi, le petit ? Il est d’Angèle, rien que d’Angèle ; eh bien il sera à moi, je le ferai mien. Il sera de Beaumugnes ; il ne sera pas à plaindre. Ça fait point de trop vilains gars, ce pays-là. » (…)
Jean Giono Un de Baumugnes

La Durance

« Il y a bien longtemps que je désire écrire un roman dans lequel on entendrait chanter le monde. (…) Un fleuve est un personnage, avec ses rages et ses amours, sa force, son dieu hasard, ses maladies, sa faim d’aventures. Les rivières, les sources sont des personnages : Elles aiment, elles trompent, elles mentent, elles trahissent, elles sont belles… »
Jean GionoLe chant du monde

Lurs

« Et puis ce village de Haute Provence avec ces vestiges de fortifications, ses vastes maisons aux toitures imbriquées les unes dans les autres comme des écailles d’une carapace de tortue. »
Jean Giono10 balades littéraires de JL Carribou collection marcher un livre à la main

Oui, tous ces lieux dont  rien que l’énoncé me parle doucement à l’oreille…
Il y a Lure, la montagne sacrée,  Les Omergues, ce village niché au pied de l’ubac de Lure dans la vallée du Jabron où Angelo « Le Hussard » a découvert les premiers ravages du choléra. Il y a les grands espaces du Contadour, paradis de la randonnée où, avec un peu d’imagination, nous pouvons rencontrer Jules le héros de Crésus sortant de sa bergerie, tout ici est propice à la rêverie gionienne… 

« Celui qui entrera dans ces territoires heureux trouvera la porte ouverte. »

La montagne de Lure

« Quand j’arrivais dans la bousculade des collines, mon coeur fit doucement un petit plongeon. Des vagues de terre et de l’écume d’arbres à perte de vue… »
Jean Giono – Le serpent d’étoiles

Les Omergues

« Le cheval marchait gaiement. Angelo arriva au pas de Redortiers vers les neuf heures. De là, il pouvait plonger ses regards dans la vallée où il allait descendre. De ce côté, la montagne tombait en pentes raides. (…) Il était presque juste au-dessus, à quelque cinq à six cent mètres de haut de ce hameau que le garçon d’écurie avait appelé Les Omergues. Chose curieuse : les toits des maisons étaient couverts d’oiseaux… » 
Jean Giono – Le Hussard sur le toit

Le Contadour

« Le chant du plateau est une voix d’herbe et d’air, monotone et éternelle, un bruit sourd, toqué de main rêveuse sur un tambour de feuilles et qui ne s’arrête jamais de l’aube au soir. (…) L’aire du plateau est un grand tapis magique suspendu dans les étoiles. »
Jean Giono Manosque-des-Plateaux

« Les sentiers battus n’offrent guère de ressource ; les autres en sont pleins. »
Jean Giono – La chasse au bonheur

« Il faudra vraiment dessiner un jour la carte des chemins non carrossables à l’usage de vrais curieux. On fait des découvertes à chaque pas. On arrive au sommet d’une colline pour se voir contenu dans un paysage qui ne peut que pousser au bonheur. C’est à proprement parlé le plaisir de vivre. »
Jean Giono – Provence

Et puis… quand au détour de la route, en direction de Barcelonnette apparaît le vieux cimetière déplacé du village immergé d’Ubaye, mon coeur se serre un peu, il s’agit de tristesse, de recueillement et de souvenirs, il s’agit de la volonté d’une poignée d’habitants expropriés respectueux de leurs morts.

Le village immergé d’Ubaye

« Ils vont raser nos maisons. Ils n’en veulent pas au fond de leur lac. Ils disent qu’on les verrait et que ça ferait mauvais effet. Tu sais jusqu’où il va leur lac ? Jusqu’à la porte du cimetière !! »
Jean Giono – L’Eau Vive

Je pense n’avoir rien oublié de ce que je possède… J’ai mélangé les lieux, j’ai mélangé les joies, les peines, la beauté des textes et celle des choses…
Alors je me prends à rêver à ce plaisir que l’on a tous à évoquer de bons souvenirs, à transformer de petites choses en grands moments et en petits bonheurs, un peu pour soi et beaucoup pour le partage… !

« On apprend à donner de l’importance aux petites joies et surtout à les additionner les unes aux autres. »
Jean Giono – Provence

Michèle Reymes

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Itinéraire de Manosque à Bargemon…

Des Alpes-de-Haute-Provence jusqu’aux collines du Haut-Var…

Je vous invite aujourd’hui à une jolie balade, nous partirons des Alpes-de-Haute-Provence plus exactement de Manosque pour aller jusqu’aux confins du Haut-Var à Bargemon en passant par les gorges majestueuses du Verdon… Allons-y !!

Sur la crête de Lure près du cairn 2000

« On a laissé chez soi (qui nous attend) tout ce qu’on appelle le confort moderne. Soudain, ici, on s’aperçoit qu’en bas il nous manque l’essentiel. Quoi ? Le temps ! Le temps de vivre, le temps d’exister, le temps de faire le tour de soi-même.(…) Tout d’un coup, on voit brusquement à quoi sert la vie, et qu’on ne vit pas. N’importe qui (d’un peu bien fait) donnerait n’importe quoi pour faire les cent pas sur cette esplanade avant d’aller dormir entre ces murs contre lesquels gronde le vent. »
Jean Giono – Provence
Plan de l’itinéraire

Manosque

« Il y a seulement vingt ans, Manosque avait encore les deux tiers de sa beauté(…) tout a disparu. Manosque n’est plus qu’un ramassis d’HLM arrogants, hideux et fragiles. (…) La seule architecture de qualité est (pour quelques temps encore, mais compté) celle des collines, des plateaux et des déserts.
En voyant cette riche vallée de la Durance, on n’imaginerait pas qu’à quelques kilomètres de là existent des territoires de solitude, de sécheresse et de vent
. »
Jean Giono – Provence

« Aussi loin que le regard puisse porter, se déroule l’espace monotone et désert : l’azur sans une faille et sans un nuage, la terre couverte de ses feuillages rouillés. Le village voisin est à quinze ou vingt kilomètres. Ce n’est pas cette distance qui effraie : ce sont les pas inutiles. À quoi bon aller là-bas où rien n’est différent d’ici ? Il y a bien longtemps qu’on a fait son compte. […] L’air d’une pureté sans égale fournit au corps une alimentation ardente qui pousse à la démesure. Si l’on ne s’éloigne qu’en soi-même, qu’on le fasse au moins avec toutes les audaces. L’écrivain qui a le mieux écrit cette Provence, c’est Shakespeare. »
Jean Giono Provence

Le plateau du Contadour, « L’azur sans une faille et sans un nuage… »

Les sommets, le Mourre de Chanier, La Sainte-Victoire et le Mont Ventoux.

« Un paysage qui ne peut que pousser au bonheur »

« C’est là qu’il faut remercier quand la route vous hisse jusqu’à la vue qui embrasse des centaines de kilomètres carrés, jusqu’au Mourre de Chanier à l’est »...
Depuis le plateau des Mourres (Forcalquier) à gauche à l’horizon le Mourre de Chanier

« …jusqu’à la Sainte-Victoire à l’Ouest »…
Et la Sainte-Victoire à gauche toujours à l’horizon et à droite du rocher de Volx

« Jusqu’au Ventoux au Nord. (…) Toutes gentilles montagnes bien élevées, bien découpées et susceptibles de prendre un joli bleu dans l’orient de la lumière. »
Jean Giono Provence

Valensole et son plateau

Valensole et son plateau c’est à voir absolument, si on aime les grands espaces et quelle que soit la saison, on ne peut qu’être conquis par autant de beauté… Une beauté sauvage et un paysage où tout semble avoir été calculé en totale harmonie avec la grande nature…
Ici une terre caillouteuse, jaune ou rouge qui s’embrase au soleil, là les sillons des plans de thym et de lavande, ici un arbre bien vert tordu par le vent, là une petite route droite bordée de poteaux électriques qui lui donnent un air de Far-West et qui file vers l’horizon, ici une ferme isolée, là un cabanon en ruine, ici une touffe de lavande encore. Tout un festival de couleurs !!!

Valensole et son église espagnole

« Valensole a une église espagnole (ou qu’on dirait). Elle émerge du plateau par la pointe de son extraordinaire clocher. Pendant quelques instants, il semble qu’elle sorte toute vivante d’un océan de lavande(…) le bourg est étagé sur le flan d’un val ensoleillé (de là son nom). »
Jean Giono – Provence
Et en été … avant la coupe de la lavande

Puimoisson, Riez-la-Romaine…

Puimoisson tout comme Valensole se situe sur le plateau, c’est un village paisible que Jean Giono fréquentait lorsqu’ il rendait visite à ses amis Maria et Ernest Borrély les instituteurs de l’école communale du village. Riez village de fontaines et de lavoirs, chargé d’histoire romaine avec ses vestiges classés dégage une belle douceur de vivre sous ses platanes centenaires.

« De là on accède en quelques kilomètres à travers les forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. Ici les éléments de la vie ne peuvent plus rester liés ensemble sans le secours des vieux courages. »
Jean Giono Provence
Puimoisson
Riez-la-Romaine

(…) « A petits pas, ou à petits tours de roues, on s’en va vers Riez-la-Romaine
(…) cette vieille ville, qui conserve encore quatre très belles colonnes d’un temple.
(…) et des ruelles d’un moyen âge poignant. »
Jean Giono – Provence

Moustiers Sainte-Marie

A Moustiers, l’étoile pour guider nos pas…

À Moustiers Sainte-Marie, comme le dit si bien Jean Giono, tout est « mise en scène », un village de crèche de Noël, très touristique par sa proximité avec les gorges du Verdon et le lac de Sainte-Croix et bien sûr célèbre pour sa faïence. Un théâtre à ciel ouvert…

« La grande mise en scène est réservée pour Moustiers Sainte-Marie. Brusquement par un détour de la route, on entre au Châtelet un soir où se jouerait à grand spectacle « La Passion d’Arnoul Gréban ». 
Voilà Bethléem (…) C’est tout d’un coup une très grande production. La mise en scène a dû coûter les yeux de la tête. (…) On comprend avec étonnement émerveillé que les rochers, les cyprès, les oratoires, les chapelles et les croix sont en matière véritable et que le metteur en scène est Dieu. »
Jean Giono – Provence

« A partir de là, la somptuosité du décor n’en finit plus… »
Moustiers, « La grande mise en scène »…

« Quand on sera bien gorgé de théâtre, je conseille de passer ici la nuit qui éteint toutes les lampes, pour venir vers les minuit, quand tout le monde dort, écouter sur la place de Moustiers le bruit du torrent qui joue dans les échos de son ravin. »
Jean Giono – Provence

Les gorges du Verdon, le château d’Aiguines et Rougon.

Tant que l’on n’a pas vu les gorges du Verdon, on ne peut pas imaginer… Trop d’adjectifs me viennent en mémoire , somptueux, spectaculaire, grandiose, superbe, majestueux… Le plus grand canyon en Europe… Ce que je peux dire c’est que lorsqu’on arrive au point sublime pour la première fois et que l’on se penche « un peu » on se sent tout petit devant le gigantisme du lieu et sa beauté vertigineuse et on a le souffle coupé !!

« Nous sommes aux portes de ce que l’on appelle vulgairement les « Gorges du Verdon » c’est un paysage shakespearien avec un soupçon de Victor Hugo et beaucoup de Gustave Doré. (…) ce sont surtout des profondeurs, des à-pics et des gouffres. »
Jean Giono – Provence

« La route monte le long d’amères pentes(…) C’est à ce moment là que la route nous met le château d’Aiguines en belle vue. C’est un très beau spécimen d’une noblesse qui ne transige pas. (…) il a quatre tours coiffées de Moustiers, il a profité de la pente sur laquelle il était juché pour dérouler ses escaliers. »
Jean Giono – Provence
Le château d’Aiguines

« C’est à ce palier métaphysique qu’il faut gagner les balcons du Verdon, car on doit se préparer aux abîmes. Ceux-ci ne sont pas seulement ici des avenues perpendiculaires vers le centre de la terre. Si vous n’êtes pas sensibles au vide, penchez-vous sur l’abîme du belvédère de Rougon. Mille mètres plus bas, un petit filet d’argent luit, un petit serpent circule en silence. »
Jean Giono – Provence

« Rien de plus romantique que le mélange de ces rochers et de ces abîmes, de ces eaux vertes et de ces ombres pourpres, de ce ciel semblable à la mer homérique et de ce vent qui parle avec la voix des Dieux morts. »
Jean Giono – Provence

Le plan de Canjuers et le vieux village de Brovès

« De l’autre côté de ces crêtes, se trouvent les grands déserts paisibles du Canjuers. Il faut se hâter de voir le Canjuers (2) pour quelques temps encore, l’Olympe ; bientôt il sera transformé en champ de tir. »
Jean Giono – Provence
Le plan de Canjuers

(…) « Que ceux qui croient aux progrès viennent respirer ici un air qu’ils n’ont jamais goûté ; qu’ils viennent s’imprégner d’un silence auquel ils ont parfois essayer de rêver ; ils ne pourront faire leurs comptes qu’après. »
Jean Giono – Provence

Sur le plateau, perdu au milieu de nulle part, il y a ce petit village que l’on appelle le « Vieux Brovès », c’est un village ruiné, un village sacrifié par l’arrivée en 1974 des militaires à Canjuers, ils y ont fait leur terrain de ‘jeux de guerre’ (3).

Il n’en reste plus grand chose aujourd’hui, beaucoup de ruines, mais le charme opère toujours… Un peu plus bas aux confins du Haut-Var, Brovès, village déplacé, renaît de ses cendres et est maintenant rattaché au village de Seillans (4), on le nomme désormais « Brovès en Seillans », village dortoir, succession de lotissements sans grande beauté mais qui a tout de même rapatrié sa vieille fontaine et son monument aux morts. Pour les anciens habitants de Brovès le lundi de Pentecôte est sacré, l’armée les autorise à revenir dans leur village pour un pique-nique de retrouvailles, eux qui se sont éparpillés aux quatre coins du département. C’est sans doute une belle journée du souvenir.

Le village de Seillans au pied du plan de Canjuers

Les collines du Haut-Var et le village de Bargemon

Bargemon est un village médiéval pittoresque du Haut Var niché dans la verdure des collines varoises, ici on respire la Provence, on apprécie les petites rues typiques et les bâtisses anciennes restaurées avec goût. On se balade tranquillement et on profite de la jolie place ombragée où les grandes terrasses nous invitent à la détente…

Bargemon posé au creux des collines (photo Adrien Leprêtre)

« Enfin une vapeur qui tremble à l’horizon signale Bargemon et on descend, tout étonné, dans un village du Moyen Âge qui paraît après ce qu’on a vu, une anticipation de l’an 2000. »
Jean Giono – Provence
La place ombragée et ses restaurants

« A Bargemon, les routes sont emmêlées comme des fils de laine dans lesquels les chats ont joué. Qu’il s’agisse de redescendre vers les pays faciles ou de continuer à monter vers l’essentiel, elles tournoient sur elles-mêmes comme si elles ne pouvaient se décider à vous conduire à un endroit ou à un autre (…) Il faut prendre soi-même la décision… »
Jean Giono – Provence

« D’ici déjà, par dessus la vallée où dorment des saules opulents, on peut entendre les rumeurs de la Nationale 7 et même de la Côte d’Azur. »

(1) À l’entrée des gorges du Verdon se trouve maintenant la magnifique retenue d’eau du lac de sainte-Croix, c’est une retenue artificielle, mise en eau en 1973 à la suite de la construction du barrage de Sainte Croix sur le cours du Verdon.

(2) Le plateau de Canjuers : encore appelé « Plan de Canjuers » est occupé depuis 1974 par les militaires, c’est le plus grand camp d’Europe continentale.


(3) Brovès, vieux village sacrifié, ancienne commune du département du Var, supprimée en 1972 lors de la création du camp militaire de Canjuers. (projet qui datait de 1963 ).
Les habitants du village qui le souhaitaient ont été relogés dans le nouveau hameau appelé Brovès en Seillans,  construit donc sur la commune de Seillans (4) dans le Haut Var. Ce vieux village abandonné est en ruine, détruit en grande partie par les militaires, ils en firent un lieu privilégié d’exercices de tirs. (Les photos figurant dans cet article ont toutes été prises avec autorisation.)

(4)Seillans – Joli village perché du Canton de Fayence, qui se trouve sous le plateau de Canjuers, c’est un endroit qui mérite le détour et où il fait bon vivre.

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Forcalquier, site remarquable et douceur de vivre.

« Quand on habite le plus beau pays du monde, on en est pas peu fier et l’on se tait, de crainte de le désigner à l’attention générale qu’il n’est jamais bon d’éveiller. Forcalquier était le plus beau pays du monde et Dieu merci personne d’autre que nous ne s’en avisait. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Notre-Dame du Bourguet à Forcalquier

Situé entre les montagnes de Lure et du Lubéron, le pays de Forcalquier est un paysage incontournable de la Haute -Provence. C’est un site remarquable, une terre d’histoire où se mêlent les senteurs et les couleurs du pays provençal, c’est avant tout, un lieu authentique.

De nos jours, Forcalquier conserve et restaure toutes les richesses de son patrimoine. Les ruelles s’entortillent pour monter à la citadelle en un véritable labyrinthe, les placettes accueillantes hébergent de belles fontaines et les terrasses des cafés et des restaurants vous accueillent à l’ombre des platanes.

La fontaine Jeanne d’Arc
La fontaine Saint-Michel

« C’est elle qui a le mieux conservé l’esprit des cités du sud comme on les rêve. Si vous voulez respirer l’atmosphère de Jean le bleu, si vous voulez de vos yeux voir de vieilles maisons comme dans le Hussard sur le toit, il faut traîner dans les vieux quartiers à ruelles pavées de Forcalquier ».
(…) Voyez la rue Grande, et la rue Marius Debout ou se succèdent de grandes demeures anciennes : entre ces rues de la ville basse et le boulevard Latourette, on repère toute une série de passages, d’escaliers, de rampes… qui donnent à ces villes une atmosphère à la fois intime et mystérieuse. »
Dominique Le Brun – Le  bâton de colline

Toute visite à Forcalquier commence par le grand marché provençal du lundi matin sur la place du Bourguet, les rues alentours et la place de la cathédrale, alors on peut dire que le marché occupe la moitié de la ville.

C’est un concentré de toutes les ressources du terroir, fruits et légumes, épices et plantes toutes plus aromatiques, charcuteries, fromages, pains, miel, olives, tourtons et ravioles du Champsaur, tissus et poteries colorées, vêtements et chaussures, paniers.

« Nous arrivons dans le pays de Forcalquier, Forcalquier qui était l’ancienne capitale de la Provence, la capitale d’été du Roi René. Le Roi René habitait l’hiver à Aix-en-Provence et l’été à Forcalquier. (…) Forcalquier garde encore d’ailleurs une sorte d’allure de vieille et d’ancienne capitale, mais de capitale de campagne, de capitale de paysans, de capitale de Moyen Age. »
Jean Giono- Provence

Le couvent des Cordeliers

Le couvents des Cordeliers

Un couvent unique, au coeur même de la ville, édifié par des Franciscains au XIIIe siècle. Sa visite permet d’admirer le cloître, c’est aussi un lieu d’expositions. Il abrite actuellement l’Université Européenne des saveurs et des senteurs.

Le couvent des Cordeliers est un couvent franciscain. Ce nom de cordeliers provient de la corde ceinturant la taille. Cette corde est nouée de 3 nœuds signifiant la pauvreté, l’obéissance et la chasteté.
Les moines ayant fait vœu de pauvreté, ils ne pouvaient se permettre de porter une ceinture en cuir.
L’ordre franciscain fut fondé à Assises par François (d’Assises !) en 1209. C’est un ordre mendiant comme les Carmes, les Augustins et les Dominicains. (source Wikipédia)

Le cimetière classé de Forcalquier

Chose rare, le cimetière de Forcalquier est un lieu de visite à ne pas manquer, on vient admirer les perspectives de ses ifs taillés en arcade. C’est ici que reposent les trois membres de la famille Drummond, malheureuses victimes de l’affaire dite « Dominici ».

La Citadelle et Notre-Dame de Provence

Notre-Dame de Provence

Il faut grimper et parcourir les ruelles médiévales pour mériter Notre-Dame de Provence, celle-ci posée sur une esplanade bordée d’un chemin de croix , domine la ville et offre un merveilleux panorama à 360°.
Chaque dimanche à 11h30, le carillonneur vient frapper les 18 cloches du carillon.

La maison des métiers du livre

Maison des métiers du livre

La Maison des métiers du livre a été inaugurée en septembre 2010, elle se trouve dans l’enceinte des casernements de l’ancienne Gendarmerie de Forcalquier, aujourd’hui désaffectée.
C’est un hôtel d’entreprises dédié aux métiers du livres, elle abrite des ateliers de gravure, graphisme, imprimerie, associations, maisons d’édition, etc…

Le site des Mourres*

Le site géologique des Mourres

Le site géologique des Mourres est situé sur les hauteurs de Forcalquier, sur la D12 conduisant à Fontienne.
C’est un lieu aride et désertique, il y pousse d’étranges champignons de pierre, sortis de terre comme par magie, de gigantesques  et inquiétants personnages, le tout dans un paysage lunaire .
La grande pureté de l’air sur ce plateau des « Mourres »*  nous fait découvrir un panorama époustouflant qui va des monts des gorges du Verdon à la vallée de la Durance, du plateau de Valensole aux Pénitents des Mées, du plateau de Ganagobie aux préalpes du pays Dignois.
C’est également un des lieux de tournage, en 1988, de « La Maison assassinée » d’après l’oeuvre de Pierre Magnan.
* Mourres : signifie ‘museau’  ou ‘visage’ en provençal

La montagne de Lure

« J’avais ouvert ma fenêtre au silence et j’avais accordé aux étoiles sur Lure un dernier regard complice(…) Je suis comme tous les gens d’ici : je sens Lure à plein nez. (…)Nous songeons en fonction de Lure. Nous voulons bien tous les changements et tous les départs, à la condition formelle de l’emporter avec nous, de la charger sur nos épaules. Nous ne partirons pas sans elle. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Sommet de Lure

On ne peut parler de Forcalquier sans parler de la Montagne de Lure, cette montagne avec un grand ‘M’. Ce n’est pas pour rien que le pays s’appelle ‘Pays de Forcalquier – Montagne de Lure’, les deux sont étroitement liés, on peut même dire qu’ils ne font qu’un, cette montagne magique vous offrira toutes ses richesses ancestrales et vous ouvrira les portes d’un pays grandiose qui s’étend à perte de vue, vous  vous régalerez de toutes ses belles randonnées et alors là, c’est sûr…vous voudrez rester !!

Quelques bonnes adresses pour finir …

La terrasse de l’Aïgo Blanco

L’Aïgo blanco, pour se régaler de bonne cuisine provençale dans un décor enchanteur, les cafés de la place du Bourguet pour le pastis en terrasse, les boutiques de décoration La Terraio où on trouve de belles poteries colorées, du linge de maison, des objets déco et de la vaisselle, la librairie « La Carline » et son grand choix, entre autres de livres régionaux, les distilleries de Haute-Provence pour leur pastis Bardouin et bien d’autres choses encore, le caviste ‘la cave du soleil Forcalquerenne’ et ses bons crus Pierrevert.

Jour de marché !!!

A lire :
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Dominique Le Brun – Le bâton de colline
Jean Giono : Provence

Michèle Reymes

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« Cet hôtel au nom dévorant et enflammé… »

L’Hôtel du Dragon, rue du Dragon à Paris

Départ pour Paris…

Lorsque Jean Giono montait pour affaires à Paris et sans doute aussi visiter son éditeur il avait pour habitude de descendre à l’hôtel du Dragon, rue du Dragon dans le quartier Saint-Germain-des-prés. Ce petit hôtel qui paraît charmant existe toujours.

« Je ne suis pas obligé de passer dans la ville pour aller à la gare. Je descends de la colline où ma maison est bâtie, je traverse un endroit qui s’appelle Saint-Pierre… Je rejoins la voie de chemin de fer que je longe ensuite jusqu’à la gare. »
Jean Giono – Noé
L’hôtel du Dragon à Paris, rue du Dragon

« Quel ordre sournois, le soir déjà lointain de ma première arrivée, m’a fait mystérieusement choisir cette rue, cet hôtel au nom dévorant et enflammé. »
Jean Giono – Les vraies richesses

« Quand je vais à Paris, je descends dans un petit hôtel de la rue du Dragon. Voilà sept ans que je suis fidèle à cet hôtel et à ce quartier. Je suis ainsi fait qu’il me faut des racines, non pas seulement où l’homme en a , mais à toute la surface de mon corps »
Jean GionoLes vraies richesses

« J’ai depuis longtemps fait amitié avec le patron de l’hôtel, sa femme et son petit garçon. J’ai approché le marchand de journaux dont la boutique est à côté de l’hôtel.
 (…) De l’autre côté de l’hôtel il y a un charbonnier bistrot. Quand j’arrive par le Boulevard Saint Germain le soir, la rue du Dragon est paisible et presque noire. »
Jean Giono – Les vraies richesses

Et retour à Manosque …

« Je n’ai jamais vu mon père porter quoi que ce soit, ni lourd, ni léger, mais alors jamais ! Il comptait sur ses filles ! L’éditeur de ses livres l’obligeait à effectuer assez souvent des déplacements à Paris où il descendait à l’hôtel du Dragon. Nous l’accompagnions à la gare à pied, depuis notre maison du Paraïs, en portant ses valises, papa se tenait juste devant nous… les mains dans les poches. En contrepartie, en cours de route, il nous racontait des histoires.
Au retour, la même chose se produisait, d’abord c’était une véritable joie pour nous d’aller l’attendre à la gare. Papa arrivait… avec ses deux valises, nous embrassait et nous collait immédiatement un bagage à chacune. Nous remontions à la maison, lui, intarissable sur son périple parisien et surtout visiblement heureux d’être de retour. Ces séjours dans la capitale ne l’enchantaient pas outre mesure. Il disait que le monument qu’il préférait était l’horloge de la gare de Lyon, car il la voyait lorsqu’il reprenait le train pour Manosque. »
Sylvie GionoPropos recueillis à Manosque
Le quai de la gare de Manosque

Michèle Reymes

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Le plateau de Ganagobie, « Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café »…

« Un balcon suspendu au-dessus de la Durance »

Le plateau de Ganagobie

« Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café et guère plus grand, porte, à cent mètres au dessus du lit extravagant de la Durance, des terres qui viennent à peine d’émerger du déluge. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
La vallée de la Durance (à l’ouest) en arrivant sur le plateau

« Derrière le village perché de Lurs on aperçoit la montagne du Lubéron, la vallée de la Durance, la sauvagerie du paysage. »
 J.L.Carribou – 10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

Sur un plateau escarpé se dresse le Monastère Notre-Dame de Ganagobie. L’art roman y est exprimé dans toute sa splendeur dans un cadre magnifique, fondé au Xème siècle par l’évêque de Sisteron et rattaché à Cluny, c’est un monastère bénédictin qui accueille à nouveau une communauté de moines depuis 1987.

Le monastère de Ganagobie

Grimper à Ganagobie, ça se mérite ! on y accède depuis Lurs par une petite route abrupte en pente raide où il faut éviter de croiser, on débouche sur un plateau couvert de génevriers,  chênes verts et  pins d’Alep.

Le porche de l’église romane est un portail à festons, le sol est fait de mosaïques déposées et restaurées après dix années de travail, le cloître à ciel ouvert n’est visible qu’à travers des vitres.

« L’Abbaye elle même est en ruine autour de son cloître resté intact. Restée intacte aussi l’église de l’abbaye, son porche roman cent mille fois photographié et qui tire des cris d’admiration à ceux qui ne crient d’ordinaire qu’aux matches de football ». 
Jean Giono Notes sur l’affaire Dominici

Un océan de verdure : « Des vagues de terre et de l’écume d’arbres à perte de vue »

« Quand on va maintenant à Ganagobie, c’est pour quelques heures, et on choisit son jour. C’est un site admirable. Les bénédictins y ont une Abbaye. Depuis un an et demi on monte à Ganagobie par une route parfaite.
(…) « Mais il y a seulement trois ou quatre ans, avant les travaux de la route « touristique », c’était un lieu qu’on atteignait qu’après quatre kilomètres de montée abrupte par des chemins dits raccourcis. Autant dire qu’ils n’y montaient que des spécialistes. »
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Celui qui est ému à Ganagobie par les vestiges de la foi ou par les vestiges de l’histoire doit aller, à mon avis, se pencher au rebord nord du plateau, sur les fonds qui séparent Ganagobie de la montagne de Lure. Il dominera le plan cavalier d’une sauvagerie sans exemple. » 
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras (…) à mi-chemin entre la plaine où ronfle la vie tumultueuse des batteries à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure. »
Jean Giono – Colline

 C’est alors  une énorme muraille qui barre toute la largeur du plateau, le rempart de Villevieille, un très long rempart rectiligne et massif livré aux herbes folles.

La grande muraille

« Villevieille s’était abrité, depuis le haut Moyen Âge, derrière cette construction édifiée du seul côté vulnérable. De Villevieille, il ne reste plus aujourd’hui que des tas de pierres enfouis sous la mousse. »
J.L. Carribou10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

La récompense est au bout du chemin avec un spectaculaire point de vue et un panorama imprenable sur la Durance et les Alpes.
Tout en bas, c’est  la rivière alanguie et veillée par les pénitents des Mées, la route vers Digne, les sommets enneigés des Alpes Italiennes, les collines du Haut Var et tout au fond du plateau de Valensole, la ligne bleue des sommets des gorges du Verdon.

La vallée de la Durance (est) depuis l’extrémité du plateau

(…) « Un petit ruban de terre entre les collines et les bois fous de la Durance. Ça peut avoir dans les cent mètres de large, aux bons endroits : d’un bord, l’eau, et quelle eau ! La rage des montagnes. De l’autre, la colline, et quelle colline ! Le plateau de Valensole : des roches, des épines, un versant raide comme pour monter au ciel. »
Jean Giono – Un de Baumugnes

« Une fois là haut donc, appuyé sur son bâton, l’accusé pouvait porter son regard et son désir sur la riche plaine de la Durance dont la partie la plus grasse était étalée sous ses yeux. »
Jean Giono – notes sur l’affaire Dominici

Dans « les Grands chemins » Jean Giono écrit :

« Au delà un autre plateau du tonnerre que grâce au vent on voit dans tout son large, jusque très loin, à l’endroit où il butte contre les montagnes bleues ».

Où encore dans « Que ma joie demeure » :

« Au fond des brumes, une sorte de radeau plat (…). Sur ces bords le soleil bouillonnait dans des forêts. Si on regardait à gauche : une barre de montagnes montait très haut (…) derrière elle, une autre montagne encore plus haute avec de la neige, et, derrière celle-là, alors un entassement de montagnes entièrement glacées. »

Afin de rejoindre le monastère, nous cheminons par l’allée de Forcalquier, autrefois appelée ‘le promenoir’ parce que les moines s’y promenaient après le repas. Avant de redescendre dans la vallée, nous ne manquerons pas de faire un détour par la boutique du monastère où les moines proposent plein de belles et bonnes choses issues de leur artisanat et une belle documentation touristique et religieuse.

Michèle Reymes

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La vallée de l’Asse … C’est le soleil qui l’a faite !!

« Parce que tout le bonheur des hommes est dans les petites vallées. »


« On n’imagine pas les découvertes que l’on peut faire, ce pays est d’une malice inouïe. Il y a par exemple de petites vallées comme la vallée de l’Asse (…) et qui apporte les eaux drainées dans les hauts massifs des environs de Castellane. Large ouverte d’abord, elle porte dans ses bras d’admirables vergers d’amandiers (…) la terre est couleur de vieil or vert (…) on entre donc dans ce pays sévère et les quelques villages qu’on rencontre se cachent sous les yeuses et ne font pas de bruit. (…) Si on était dupe de ces malices on passerait à toute vitesse. On aurait tort. Dès qu’on le prend par la douceur, ce pays ne résiste pas. On tombe sur des Tahiti de gens éblouis qui se demandent comment vous avez fait pour les trouver et que vous surprenez en train de jouir de la vie. »
Jean Giono Provence
La balade du jour !

En ce jour du mois d’août, en descendant de Gréoux, nous sommes partis en direction de la vallée de l’Asse avec en tête la seule devise qui soit : « Le soleil n’est jamais aussi beau qu’un jour où l’on se met en route »… 

Et c’était tout à fait vrai, je respectais à la lettre les mots de Jean Giono que j’ai fait miens depuis fort longtemps.

Au rond-point de Manosque, nous entamons notre balade par la D4 avant de glisser vers la droite par la D907 à la découverte de cette vallée perdue qui devait nous réserver de bien belles surprises. 

Pays perdu certes, mais douceur de vivre, calme ambiant, chants d’oiseaux, papillons, prés, petits jardins, petits bois, petits villages, lavandes, fermes isolées et travaux des champs, un circuit tout en douceur et seuls au monde !!

Ici point de musées, de galeries, de monuments, le musée, il est à ciel ouvert et le spectacle de la nature sans cesse renouvelé.

« Tu vois cette vallée de l’Asse, eh ! bien, je vais te dire, c’est le soleil qui l’a faite (…)
Le premier rayon tapait toujours dans le plateau qui tremblait mais restait solide parce que c’était un bon plateau de main de maître. Seulement, le soleil, c’est tous les jours, et toujours la même force, alors petit à petit ça a fendu les os au fond de la chair de terre, et, lentement, le val s’est creusé à coups de rayons de soleil. Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché ses glaces et elle est descendue. Puisqu’il y a un chemin, tant vaut qu’on en profite, elle a dit. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
« Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché les glaces et elle est descendue… »

« Le long de ses eaux maigres, le monde devient petit sans rien perdre de ses possibilités de bonheur. Petits champs, petits prés, petits hameaux, petits vergers, des vies roulées en boule comme le chien au soleil. »
Jean Giono – Provence
A hauteur de Bras d’Asse

« Là, un banc frais de limon frais ayant gardé la forme des vagues. Plus au milieu, à plat en travers d’une île, dans les galets lisses et cerné par les eaux qui tremblent, un pin mort, ressemblant à l’épine dorsale d’un grand poisson. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« J’ai choisi cette vallée de l’Asse parce qu’elle est sévère et que pour tout dire, elle passe pour être pauvre. Elle s’enfonce en effet dans les montagnes où le climat est rude et la terre pleine de cailloux roulés. »
Jean Giono – Provence

Petite vallée paisible …

Le vieux Bras d’Asse…(village abandonné)

« Ce village, là-haut, sur l’échine galeuse de la colline et confondu dans la pierraille... »
Maria Borrély – Le dernier feu
Champ de lavande de la vallée de l’Asse

« C’est une bonne idée que tu as eue, Auguste, de faire des lavandes par ici.
– La lavande se contente d’une mauvaise terre et il lui faut du sec. »
Maria Borrély – Le dernier feu

…Où il est difficile, même en plein mois d’août, de se restaurer à l’heure du déjeuner !! Après avoir fait deux tentatives à Bras d’Asse selon les conseils du « Guide du routard » et où nous avons trouvé porte close, nous nous sommes installés à Mézel, un village typique comme on les aime et c’est à la terrasse du bar de l’avenue que nous nous sommes posés à l’ombre des platanes.

Après le déjeuner, il nous a fallu revenir sur nos pas pour retrouver à La Bégude blanche la petite route D108 qui nous a montés à Brunet … Le pays de Gaston Dominici, il y a habité et s’y est marié en 1903 (2) Nous sommes maintenant sur l’autre rive de l’Asse.

« D’Estoublon à Brunet en passant par la Bégude  (…) L’Asse crasseuse, roule son argile et bouillonne. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« Ce pays est d’une malice inouïe »

« Les pentes les plus hautes de ce département sont des déserts blancs, le reste des landes d’une infinie beauté, couverts de lavande, portant le silence et la paix, de fayard en fayard, sous le ciel si égal et si bleu que, dans l’exaspération de l’été, il blanchit comme un visage en colère. »
Jean Giono – Provence

Le village de Brunet

Pour arriver à Brunet, il faut le vouloir, un peu à l’écart de la route, il nous faut grimper jusqu’à lui, accroché à l’ubac du plateau de Valensole.
Brunet bénéficie d’une vue imprenable sur la vallée de l’Asse. Une poignée d’habitations disséminées entre deux chemins de terre faisant office de routes « carrossables », de belles maisons de pierre magnifiquement restaurées au milieu de la verdure, l’église et le château habités et privés et bien sûr beaucoup de charme. Une impression « d’entre- soi »… 
Le village est très ensoleillé, je souligne cela car pour une fois je ne suis pas du tout d’accord avec mon auteur préféré.

L’arrivée à Brunet, un air d’Hollywood !!

« L’accusé habite Brunet, Brunet est un village de la vallée de l’Asse (…) à quinze kilomètres de l’embouchure de la vallée, Brunet. Il est sur la rive gauche, c’est-à-dire sur le versant nord du plateau de Valensole, donc à l’ombre toute la journée (…) C’est un village de vieillards. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Brunet, une vingtaine de maisons noires, dans les bois noirs, sur le flanc noir du plateau de Valensole. L’exposition au nord dérobe le village au soleil. De la vallée de l’Asse il faut monter pour atteindre le village. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Mais pour celui qui voit les toitures de ce Tibet du bord oriental de la Vallée de l’Asse, il a ensuite à ses pieds, la vallée de cet affluent de la Durance, devant lui le plateau de Puimichel, un peu à sa gauche la montagne de Lure qui, maintenant barre tout l’horizon de l’ouest comme une muraille de Chine. »
Jean Giono – Provence

En montant jusqu’au rebord du plateau de Valensole

« Du village il faut continuer à monter pour atteindre le rebord du plateau… »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
Le plateau de Valensole avant l’orage

« Cependant, on arriva premiers au carrefour de Telle. (…)  Il y avait seulement le ronflement de l’Asse qui doucement, en bas, écartait ses limons, et le bruit du vent paresseux qui se balançait sur l’air mou de dix heures. Un homme était là à la source de cette route biblique qui s’appelle « La route des troupeaux » : une érosion de fleuve sur le dos sauvage de la colline. Il était près du poteau. »
Jean Giono – préface au Dernier feu de Maria Borrély

 « De là on accède en quelques kilomètres, à travers des forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. »(3)
Jean Giono – Provence

« Vous avez vu comment vivre dans un monde véritable donne une simple sagesse plus délicieuse que les fruits et l’eau fraîche des sources. »
Jean Giono – Provence

« On rêve d’avoir là, une pièce blanchie à la chaux et de ne plus partir »…
Jean Giono – Provence 

(1) et (3) Maria Borrély  auteur(e) du « dernier feu »: Maria et Ernest couple d’instituteurs à Puimoisson sur le plateau de Valensole et amis de Jean Giono. Le « dernier feu » raconte la mort du vieux village perché de Bras d’Asse et sa renaissance dans la vallée. Éditions Paroles – Collection main de femme
(2) Gaston Dominici – notes sur l’affaire Dominici  

Michèle Reymes