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Forcalquier, site remarquable et douceur de vivre.

« Quand on habite le plus beau pays du monde, on en est pas peu fier et l’on se tait, de crainte de le désigner à l’attention générale qu’il n’est jamais bon d’éveiller. Forcalquier était le plus beau pays du monde et Dieu merci personne d’autre que nous ne s’en avisait. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Notre-Dame du Bourguet à Forcalquier

Situé entre les montagnes de Lure et du Lubéron, le pays de Forcalquier est un paysage incontournable de la Haute -Provence. C’est un site remarquable, une terre d’histoire où se mêlent les senteurs et les couleurs du pays provençal, c’est avant tout, un lieu authentique.

De nos jours, Forcalquier conserve et restaure toutes les richesses de son patrimoine. Les ruelles s’entortillent pour monter à la citadelle en un véritable labyrinthe, les placettes accueillantes hébergent de belles fontaines et les terrasses des cafés et des restaurants vous accueillent à l’ombre des platanes.

La fontaine Jeanne d’Arc
La fontaine Saint-Michel

« C’est elle qui a le mieux conservé l’esprit des cités du sud comme on les rêve. Si vous voulez respirer l’atmosphère de Jean le bleu, si vous voulez de vos yeux voir de vieilles maisons comme dans le Hussard sur le toit, il faut traîner dans les vieux quartiers à ruelles pavées de Forcalquier ».
(…) Voyez la rue Grande, et la rue Marius Debout ou se succèdent de grandes demeures anciennes : entre ces rues de la ville basse et le boulevard Latourette, on repère toute une série de passages, d’escaliers, de rampes… qui donnent à ces villes une atmosphère à la fois intime et mystérieuse. »
Dominique Le Brun – Le  bâton de colline

Toute visite à Forcalquier commence par le grand marché provençal du lundi matin sur la place du Bourguet, les rues alentours et la place de la cathédrale, alors on peut dire que le marché occupe la moitié de la ville.

C’est un concentré de toutes les ressources du terroir, fruits et légumes, épices et plantes toutes plus aromatiques, charcuteries, fromages, pains, miel, olives, tourtons et ravioles du Champsaur, tissus et poteries colorées, vêtements et chaussures, paniers.

« Nous arrivons dans le pays de Forcalquier, Forcalquier qui était l’ancienne capitale de la Provence, la capitale d’été du Roi René. Le Roi René habitait l’hiver à Aix-en-Provence et l’été à Forcalquier. (…) Forcalquier garde encore d’ailleurs une sorte d’allure de vieille et d’ancienne capitale, mais de capitale de campagne, de capitale de paysans, de capitale de Moyen Age. »
Jean Giono- Provence

Le couvent des Cordeliers

Le couvents des Cordeliers

Un couvent unique, au coeur même de la ville, édifié par des Franciscains au XIIIe siècle. Sa visite permet d’admirer le cloître, c’est aussi un lieu d’expositions. Il abrite actuellement l’Université Européenne des saveurs et des senteurs.

Le couvent des Cordeliers est un couvent franciscain. Ce nom de cordeliers provient de la corde ceinturant la taille. Cette corde est nouée de 3 nœuds signifiant la pauvreté, l’obéissance et la chasteté.
Les moines ayant fait vœu de pauvreté, ils ne pouvaient se permettre de porter une ceinture en cuir.
L’ordre franciscain fut fondé à Assises par François (d’Assises !) en 1209. C’est un ordre mendiant comme les Carmes, les Augustins et les Dominicains. (source Wikipédia)

Le cimetière classé de Forcalquier

Chose rare, le cimetière de Forcalquier est un lieu de visite à ne pas manquer, on vient admirer les perspectives de ses ifs taillés en arcade. C’est ici que reposent les trois membres de la famille Drummond, malheureuses victimes de l’affaire dite « Dominici ».

La Citadelle et Notre-Dame de Provence

Notre-Dame de Provence

Il faut grimper et parcourir les ruelles médiévales pour mériter Notre-Dame de Provence, celle-ci posée sur une esplanade bordée d’un chemin de croix , domine la ville et offre un merveilleux panorama à 360°.
Chaque dimanche à 11h30, le carillonneur vient frapper les 18 cloches du carillon.

La maison des métiers du livre

Maison des métiers du livre

La Maison des métiers du livre a été inaugurée en septembre 2010, elle se trouve dans l’enceinte des casernements de l’ancienne Gendarmerie de Forcalquier, aujourd’hui désaffectée.
C’est un hôtel d’entreprises dédié aux métiers du livres, elle abrite des ateliers de gravure, graphisme, imprimerie, associations, maisons d’édition, etc…

Le site des Mourres*

Le site géologique des Mourres

Le site géologique des Mourres est situé sur les hauteurs de Forcalquier, sur la D12 conduisant à Fontienne.
C’est un lieu aride et désertique, il y pousse d’étranges champignons de pierre, sortis de terre comme par magie, de gigantesques  et inquiétants personnages, le tout dans un paysage lunaire .
La grande pureté de l’air sur ce plateau des « Mourres »*  nous fait découvrir un panorama époustouflant qui va des monts des gorges du Verdon à la vallée de la Durance, du plateau de Valensole aux Pénitents des Mées, du plateau de Ganagobie aux préalpes du pays Dignois.
C’est également un des lieux de tournage, en 1988, de « La Maison assassinée » d’après l’oeuvre de Pierre Magnan.
* Mourres : signifie ‘museau’  ou ‘visage’ en provençal

La montagne de Lure

« J’avais ouvert ma fenêtre au silence et j’avais accordé aux étoiles sur Lure un dernier regard complice(…) Je suis comme tous les gens d’ici : je sens Lure à plein nez. (…)Nous songeons en fonction de Lure. Nous voulons bien tous les changements et tous les départs, à la condition formelle de l’emporter avec nous, de la charger sur nos épaules. Nous ne partirons pas sans elle. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Sommet de Lure

On ne peut parler de Forcalquier sans parler de la Montagne de Lure, cette montagne avec un grand ‘M’. Ce n’est pas pour rien que le pays s’appelle ‘Pays de Forcalquier – Montagne de Lure’, les deux sont étroitement liés, on peut même dire qu’ils ne font qu’un, cette montagne magique vous offrira toutes ses richesses ancestrales et vous ouvrira les portes d’un pays grandiose qui s’étend à perte de vue, vous  vous régalerez de toutes ses belles randonnées et alors là, c’est sûr…vous voudrez rester !!

Quelques bonnes adresses pour finir …

La terrasse de l’Aïgo Blanco

L’Aïgo blanco, pour se régaler de bonne cuisine provençale dans un décor enchanteur, les cafés de la place du Bourguet pour le pastis en terrasse, les boutiques de décoration La Terraio où on trouve de belles poteries colorées, du linge de maison, des objets déco et de la vaisselle, la librairie « La Carline » et son grand choix, entre autres de livres régionaux, les distilleries de Haute-Provence pour leur pastis Bardouin et bien d’autres choses encore, le caviste ‘la cave du soleil Forcalquerenne’ et ses bons crus Pierrevert.

Jour de marché !!!

A lire :
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Dominique Le Brun – Le bâton de colline
Jean Giono : Provence

Michèle Reymes

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Le plateau de Ganagobie, « Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café »…

« Un balcon suspendu au-dessus de la Durance »

Le plateau de Ganagobie

« Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café et guère plus grand, porte, à cent mètres au dessus du lit extravagant de la Durance, des terres qui viennent à peine d’émerger du déluge. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
La vallée de la Durance (à l’ouest) en arrivant sur le plateau

« Derrière le village perché de Lurs on aperçoit la montagne du Lubéron, la vallée de la Durance, la sauvagerie du paysage. »
 J.L.Carribou – 10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

Sur un plateau escarpé se dresse le Monastère Notre-Dame de Ganagobie. L’art roman y est exprimé dans toute sa splendeur dans un cadre magnifique, fondé au Xème siècle par l’évêque de Sisteron et rattaché à Cluny, c’est un monastère bénédictin qui accueille à nouveau une communauté de moines depuis 1987.

Le monastère de Ganagobie

Grimper à Ganagobie, ça se mérite ! on y accède depuis Lurs par une petite route abrupte en pente raide où il faut éviter de croiser, on débouche sur un plateau couvert de génevriers,  chênes verts et  pins d’Alep.

Le porche de l’église romane est un portail à festons, le sol est fait de mosaïques déposées et restaurées après dix années de travail, le cloître à ciel ouvert n’est visible qu’à travers des vitres.

« L’Abbaye elle même est en ruine autour de son cloître resté intact. Restée intacte aussi l’église de l’abbaye, son porche roman cent mille fois photographié et qui tire des cris d’admiration à ceux qui ne crient d’ordinaire qu’aux matches de football ». 
Jean Giono Notes sur l’affaire Dominici

Un océan de verdure : « Des vagues de terre et de l’écume d’arbres à perte de vue »

« Quand on va maintenant à Ganagobie, c’est pour quelques heures, et on choisit son jour. C’est un site admirable. Les bénédictins y ont une Abbaye. Depuis un an et demi on monte à Ganagobie par une route parfaite.
(…) « Mais il y a seulement trois ou quatre ans, avant les travaux de la route « touristique », c’était un lieu qu’on atteignait qu’après quatre kilomètres de montée abrupte par des chemins dits raccourcis. Autant dire qu’ils n’y montaient que des spécialistes. »
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Celui qui est ému à Ganagobie par les vestiges de la foi ou par les vestiges de l’histoire doit aller, à mon avis, se pencher au rebord nord du plateau, sur les fonds qui séparent Ganagobie de la montagne de Lure. Il dominera le plan cavalier d’une sauvagerie sans exemple. » 
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras (…) à mi-chemin entre la plaine où ronfle la vie tumultueuse des batteries à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure. »
Jean Giono – Colline

 C’est alors  une énorme muraille qui barre toute la largeur du plateau, le rempart de Villevieille, un très long rempart rectiligne et massif livré aux herbes folles.

La grande muraille

« Villevieille s’était abrité, depuis le haut Moyen Âge, derrière cette construction édifiée du seul côté vulnérable. De Villevieille, il ne reste plus aujourd’hui que des tas de pierres enfouis sous la mousse. »
J.L. Carribou10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

La récompense est au bout du chemin avec un spectaculaire point de vue et un panorama imprenable sur la Durance et les Alpes.
Tout en bas, c’est  la rivière alanguie et veillée par les pénitents des Mées, la route vers Digne, les sommets enneigés des Alpes Italiennes, les collines du Haut Var et tout au fond du plateau de Valensole, la ligne bleue des sommets des gorges du Verdon.

La vallée de la Durance (est) depuis l’extrémité du plateau

(…) « Un petit ruban de terre entre les collines et les bois fous de la Durance. Ça peut avoir dans les cent mètres de large, aux bons endroits : d’un bord, l’eau, et quelle eau ! La rage des montagnes. De l’autre, la colline, et quelle colline ! Le plateau de Valensole : des roches, des épines, un versant raide comme pour monter au ciel. »
Jean Giono – Un de Baumugnes

« Une fois là haut donc, appuyé sur son bâton, l’accusé pouvait porter son regard et son désir sur la riche plaine de la Durance dont la partie la plus grasse était étalée sous ses yeux. »
Jean Giono – notes sur l’affaire Dominici

Dans « les Grands chemins » Jean Giono écrit :

« Au delà un autre plateau du tonnerre que grâce au vent on voit dans tout son large, jusque très loin, à l’endroit où il butte contre les montagnes bleues ».

Où encore dans « Que ma joie demeure » :

« Au fond des brumes, une sorte de radeau plat (…). Sur ces bords le soleil bouillonnait dans des forêts. Si on regardait à gauche : une barre de montagnes montait très haut (…) derrière elle, une autre montagne encore plus haute avec de la neige, et, derrière celle-là, alors un entassement de montagnes entièrement glacées. »

Afin de rejoindre le monastère, nous cheminons par l’allée de Forcalquier, autrefois appelée ‘le promenoir’ parce que les moines s’y promenaient après le repas. Avant de redescendre dans la vallée, nous ne manquerons pas de faire un détour par la boutique du monastère où les moines proposent plein de belles et bonnes choses issues de leur artisanat et une belle documentation touristique et religieuse.

Michèle Reymes