Saint-Rémy-de-Provence
« Il est vain de vouloir réunir… »
« Il est vain de vouloir réunir ce que Dieu a désuni. Il y a deux Provences très différentes l’une de l’autre. La Basse-Provence circule à plat sur la rive gauche du Rhône. (…) La Haute-Provence déroule ses bastions de collines (…) C’est le pays sur lequel se sont éboulées les Alpes. Les collines d’altitude moyenne qui en recouvrent les trois quarts gardent encore les traces d’un bouleversement géologique alpin. »
Jean Giono – Provence
Parlons de cette « autre Provence », celle du Félibrige, plus brillante et plus touristique , plus folklorique aussi que celle de Jean Giono. C’est vrai que l’auteur en parle peu mais j’ai pu trouver dans ses écrits des références souvent quelque peu « ironiques. »
« On entre dans les Champs Élysées… »
« (…) Sur le versant nord des Alpilles, Saint-Rémy s’écorche jusqu’au sang romain et même gallo-grec. »
Jean Giono – Provence
« Passé le pont de Bonpas, de l’autre côté de la Durance on entre dans les Champs Elysées. Jusqu’aux Alpilles, la plaine est couverte de cyprès. C’est un immense jardin funèbre à la Louis XIV, un potager pour Eurydice jardinière. »
Jean Giono – Provence
Saint-Rémy c’est Nostradamus…
Saint-Rémy, c’est la patrie de Nostradamus, il y est né le 14 décembre 1503 et est décédé le 2 juillet 1566 à Salon-de-Provence.
Nostradamus, prophète, poète, médecin, astrologue ? Qui est-il vraiment ? Il est surtout connu pour ses prédictions et ses prophéties sur la marche du monde.
Voici ce qu’en disait Jean Giono qui ne possédait pas moins de sept éditions de Nostradamus dans sa riche bibliothèque :
« Nostradamus est le plus grand poète de la Basse-Provence, et peut-être même de la Haute. On a tort de vouloir lui faire expliquer le futur ; il ne l’explique que comme l’expliquent Clément Marot, Maurice Scève, Jodelle, La Boétie, Jean de Sponde, etc. Ces vers sont parmi les plus beaux qu’une mémoire puisse retenir pour alimenter son auberge espagnole. »
Jean Giono – Provence
Saint-Rémy c’est un grand site gallo-romain…
C’est un site archéologique important qui fait face au merveilleux paysage des Alpilles, il y a les Antiques avec l’arc de triomphe, le mausolée des Jules et Glanum. Ce plateau des Antiques se situe sur la route des Baux à la sortie de Saint-Rémy.
Saint-Rémy c’est un « petit » morceau de vie de Vincent Van Gogh…
Le peintre séjourna un an au monastère Saint-Paul de Mausole, (juste avant les Antiques à la sortie de Saint-Rémy en grimpant vers les Baux) exactement du 3 mai 1889 jusqu’au 16 mai 1890 peu avant sa mort.
Il y peignit environ cent cinquante toiles toutes plus belles les unes que les autres.
Le monastère abrite un asile qu’on appelle aujourd’hui « maison de santé Saint-Paul ».
» Voilà tout un mois que je suis ici, pas une seule fois le moindre désir d’être ailleurs m’est venu, la volonté pour retravailler seul s’affermit un tantinet. (…) Mais quel beau pays, et quel beau bleu et quel soleil ! Et encore je n’ai vu que le jardin et ce que j’aperçois à travers la fenêtre… »
Lettre de Vincent à son frère Théo ( Saint-Rémy – juin 1889)
« Et je sens le pays ici, par le séjour prolongé, autrement que le premier endroit venu – les bonnes idées germent maintenant un peu et faudra les laisser se développer (…) J’ai grand désir de faire encore et les cyprès et les Alpines et faisant souvent de longues courses dans toutes les directions j’ai noté bien des motifs et connais de bons endroits pour lorsque les beaux jours viendront. »
Lettre de Vincent à son frère Théo (Saint-Rémy – décembre 1889)
« Je t’envoie un croquis de cigale d’ici . Leur chant dans les grandes chaleurs a pour moi le même charme que le grillon dans le foyer du paysan chez nous. Mon brave – n’oublions pas que les petites émotions sont les grands capitaines de nos vies et qu’à celles-là nous y obéissons sans le savoir. »
Lettre de Vincent à son frère Théo ( Saint-Rémy – août 1889)
« Les oliviers sont davantage dans le caractère ainsi que dans l’autre étude, et j’ai cherché à rendre l’heure où on voit voler dans la chaleur les cétoines et les cigales. »
Lette de Vincent à son frère Théo (Saint-Rémy – septembre 1889)
« Le champ de blé de Van Gogh c’est le champ de blé plus Van Gogh. Il y a le champ de blé de Dieu, il y a le champ de blé du propriétaire du champ de blé, il y a le champ de blé de celui qui passe sur la route et puis il y a le champ de blé de Monsieur Van Gogh. C’est un champ de blé particulier, c’est un mensonge, c’est à celui-là que nous nous intéressons. »
Jean Giono – Entretiens avec Jean Amrouche – Gallimard
Et Saint-Rémy c’est aussi …
… La douceur provençale, un gros bourg ancré dans ses traditions et bercé par le chant des cigales, des ruelles animées, des placettes ombragées. « Ici le soleil pense tout haut, c’est une grande lumière qui se mêle à la conversation. » (Jules Supervielle –Embarcadère – 1922)
Ce sont de beaux commerces, un gros marché provençal qui envahit tous les mercredis les rues de la cité, des fêtes provençales hautes en couleurs et marquées par le territoire et la proximité de la Camargue ; un boulevard circulaire à l’ombre des platanes et qui sent bon le Sud, une multitude de terrasses de café colorées et bruyantes, des restaurants, des arènes pour frémir un peu et applaudir le folklore des courses camarguaises.
Et si vous cherchez un peu de fraîcheur, allez vous promener le long du chemin de halage qui borde le canal des Alpines ou poussez jusqu’aux berges du lac de Peiroou, c’est le calme assuré…
A l’ombre de sa pinède, un havre de paix, le lac de Peiroou :
Le canal des Alpines et la fraîcheur de ses berges…
Saint-Rémy dispose de tout un réseau de petits canaux et du canal principal des Alpines. Ce sont des canaux d’irrigation.
Et pour finir, les courses camarguaises, alors direction les arènes !
Impossible de quitter Saint-Rémy sans au moins s’attabler quelque peu à l’envi…
Le mieux c’est de s’établir quelques jours en ville et prendre le temps de découvrir tranquillement cette cité au caractère provençal bien trempé, son folklore et ses fêtes tout au long de l’année.
Deux bonnes adresses :
- Restaurant chez Xa : 24 boulevard Mirabeau (boulevard circulaire)
- Restaurant Da Peppe : 2 Avenue Fauconnet (face à la place de la République)
Rdv au prochain article pour la suite de cette escapade au « bonheur des Alpilles »…
Michèle Reymes