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Promenade à Manosque avec Jean Giono, « L’École normale supérieure du bonheur »

Aujourd’hui, je vous propose une belle promenade dans Manosque. Nous découvrirons tour à tour la ville close et ses portes moyenâgeuses, ses ruelles, ses fontaines, ses églises, ses boulevards, « une ville de couvents, de jardins intérieurs, de puits et de magnifiques fontaines. »

« Je suis né à Manosque et je n’en suis jamais parti. Le charme de ce pays ne s’épuise pas… »
Jean Giono – Provence

« Au travers de tout ce que vous allez voir dans Manosque, cherchez son âme, c’est un travail qui vous paiera. »(…)
« Je suis né à Manosque et je n’en suis jamais parti. Le charme de ce pays ne s’épuise pas… »
Jean Giono Provence

Pour cette balade « gionienne » je me suis laissée guider par ma connaissance des lieux et les écrits de l’auteur mais aussi par le petit livret de Louis Michel, intitulé Une balade dans Manosque avec Jean Giono dont j’avais fait l’acquisition il y a déjà quelques années à l’Office de tourisme.

Nous entrons dans Manosque par l’avenue Jean Giono, normal me direz-vous… et tout de suite s’offre à nous la ville close qui se découvre par la porte Saunerie.

La porte Saunerie

« Il y avait à l’entrée de la ville, une belle porte moyenâgeuse, vous me direz, elle y est encore ! Non, il y a bien quelque chose qui lui ressemble, mais ce n’est plus elle, la mienne avait comme coiffure, une genoise de tuiles grises, celle-là arbore des créneaux de pierre neuve, insolites, insolents et faux. »
Jean Giono – Manosque-des-plateaux

« La Plaine », promenade Aubert Millot et ses escaliers

Si nous partons vers l’est par la promenade Aubert Millot nous passerons émus devant le Comptoir national d’escompte (maintenant Crédit agricole) où l’auteur a travaillé dans sa jeunesse et descendrons ensuite les escaliers de la Plaine pour accéder au boulevard du même nom.

Le comptoir national d’escompte

 « La ville a un visage : « La Plaine ». Un visage là, juste au bord de la route. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
La promenade Aubert Millot, « La Plaine »

« Chaque dimanche, à deux heures de l’après-midi, tout ce qui comptait ici allait en grand équipage faire promenade sur une sorte de terrasse plantée d’ormes qui domine la Plaine d’une cinquantaine de mètres… Esplanade qui s’étale sur les débris de nos anciens remparts. (…) On l’appelle Bellevue ? Ce qui s’accorde avec l’élégance qui s’y déploie. »
Jean Giono – Le moulin de Pologne

 

« Les puristes se sont moqués de nous parce que nous avons toujours parlé des « escaliers de la Plaine » ; c’est pourtant légitime. Il y en a deux, séparés par une haie de fusains, deux ouvrages bien distincts et qui autorisent le pluriel. (…) Giono toute sa vie, sans aucune dérogation, empruntera toujours le même : celui de gauche en montant, tant à la montée qu’à la descente. Il a besoin pour travailler d’une certaine harmonie. Il me le dira bien souvent. »
Pierre Magnan – Pour saluer Giono

Le quartier « d’Aubette »

En remontant le boulevard circulaire nous arrivons dans le quartier « d’Aubette ». Juste avant sur la gauche, se glisse à l’arrière de l’église Saint Sauveur la rue Chacundier, je souligne cette rue car elle a vu naître l’écrivain Pierre Magnan cher à mon coeur.

« Le quartier d’Aubette, cette porte par laquelle l’aube entre dans la ville. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
La rue d’Aubette

Nous prenons le boulevard des tilleuls jusque la rue d’Aubette sur le trottoir de gauche se trouve la fontaine d’Aubette.

« À cette fontaine viennent boire les troupeaux transhumants… Cette fontaine de transhumance est sur le bord de la ville, hors les murs. »
Jean GionoManosque-des-Plateaux

A cet endroit , tout de suite après la fontaine, commence la Montée des Vraies Richesses, celle qui mène tout droit à la maison de Jean Giono, « Le Paraïs » et qui abrite aujourd’hui l’association des amis de Jean Giono, juste au bout d’un petit sentier du même nom. Plus haut encore, on entame l’ascension vers le Mont d’Or. 

La montée des Vraies Richesses, Le Paraïs et le Mont d’Or

« J’arrive chez moi par un petit sentier qui n’est pas, comme on dit, carrossable. (…) Après les Champs Elysées, ce petit sentier me plaisait bien. »
Jean Giono – Les terrasses de l’Ile d’Elbe

« Je la regarde quelquefois de la fenêtre de mon bureau, et je vois que c’est une ville toute dorée. C’est une ville à peu près semblable aux villes italiennes dans lesquelles je me suis baladé. »
Jean Giono – Entretiens

Après ce petit détour « hors les murs », nous reprenons le boulevard des Tilleuls pour arriver enfin à la porte Soubeyran. Ici et là nous pouvons remarquer des façades munies de poulies à hauteur de toit mais aussi de galeries couvertes.

« C’était ce qu’on appelle ici une galerie, c’est-à-dire une sorte de terrasse couverte sur le toit. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit 
Porte charretière munie de la poulie

« De petites villes comme Manosque sont, à la vérité, des agglomérations de paysans… Chaque maison s’ouvre sur la rue par une porte charretière. »
Jean Giono – Provence

L’école Saint-Charles, la porte Soubeyran et la ville close…

Avant de pénétrer dans la ville close, un petit détour vers l’ouest jusqu’à l’école Saint-Charles sur le boulevard Camille Pelloutier , rien de plus banal, si ce n’est le souvenir de son illustre élève…

« J’allais à l’école chez les soeurs de la présentation. »
Jean Giono Jean le Bleu

« Voilà dit-elle, vous savez que nous avons à Saint-Charles une école. »
Jean GionoJean le Bleu
Le collège Saint-Charles et l’églisette…

« Le lundi de Pâques on avait des vêpres particulières dans l’églisette de Saint-Charles. »
Jean Giono Jean le Bleu

Revenons légèrement sur nos pas pour passer sous la porte Soubeyran et pénétrer dans la ville close.

« Il y avait une vallée d’ormes… La vague de feuilles commençait là-haut vers le Soubeyran… Du côté du soleil couchant, la ville est comme un pain trop cuit. »
Jean Giono – Manosque des Plateaux
La porte Soubeyran

« Il faut que j’aille tout de suite chez Giuseppe se dit Angelo. Il me semble que je dois monter par-là jusqu’à une sorte de clocher surmonté d’un bulbe de ferronnerie et sous lequel passe une porte.(…) Il arriva enfin au portail surmonté d’un bulbe en ferronnerie dont il s’était souvenu, il ouvrait sur une ruelle obscure… »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit

Dès que l’on a passé la porte Soubeyran, en empruntant la rue du même nom, tout de suite sur la gauche se trouve la rue du Poète. A dire vrai ce n’est pas une rue mais une impasse.

« Il habite rue du poète …J’ai des amis qui vont rire parce qu’ils la connaissent bien la rue du Poète, c’est une impasse (…) au fond de la rue, le mur est troué d’une porte. »
Jean Giono – Rondeurs des jours
Rue du Soubeyran

Derrière les remparts, la place Marcel Pagnol et l’Hôtel de Ville

Nous sommes maintenant rue du Soubeyran avant de gagner la Place Marcel Pagnol et la rue des marchands. Un endroit très agréable, cette Place Marcel Pagnol, encadrée par deux bouquinistes, ombragée à souhait et parsemée de terrasses accueillantes et de restaurants, tout cela s’articule autour d’une jolie fontaine.

Rue des marchands

« Je me dirigeai vers la rue des Marchands éclairée par des boutiques. Il me semble que cette rue était chaude comme un four, qu’il m’était possible ce soir de faire comme les chiens et de retrouver dans cette chaleur les odeurs diverses de tous ceux qui habitaient là. (…) La fontaine des « quatre coins » faisait l’insolente à côté du bureau de tabac. J’avais soif et je me mis à boire au canon. L’eau me coulait dans le cou. »
Jean Giono – Jean le Bleu

Nous atteignons la place de l’Hôtel de ville et son édifice majestueux, sa belle terrasse de café et le portail de Notre-Dame de Romigier, (cette église reçoit de belles expositions tout au long de l’année). Nous entrons dans la rue Grande… Ah ! la rue Grande… ruelle commerçante où se trouve aussi la maison qui a abrité l’enfance de Jean Giono.

Notre-Dame de Romigier

La rue Torte, la rue Grande et l’église Saint-Sauveur

Nous voici dans la rue Grande, c’est au 14 donc, dans cette maison haute avec un escalier étroit que Jean Giono a passé son enfance, l’atelier de repassage où s’activait sa mère Pauline se trouvait au rez-de-chaussée  et au 3ème  étage était l’atelier de cordonnier de son père,  mais c’est juste en face au 1 rue Torte qu’il est né. 

« Cette invraisemblable rue Torte, qui se tord et se détord, coupée du boulevard des Lices, pour aller finir rue Sans nom… »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
Rue grande

« Les ruelles étroites gardent leur fraîcheur dans les étés les plus torrides… »
Jean Giono – Provence

« Je montais l’escalier et, chaque fois que mon pied rencontrait dans l’ombre la marche de grès, je tremblais de toucher un de ces crapauds blancs évadés ou bien de glisser, comme un abricot pourri, sur le coeur tout chaud d’un serpent. »
Jean Giono – Jean le Bleu

« Notre maison était toute double ; elle avait deux voix et deux visages. Au rez-de-chaussée était l’atelier de repassage de ma mère. (…) Je me souviens de l’atelier de mon père. Je ne peux pas passer devant une échoppe de cordonnier sans croire que mon père est encore vivant, quelque part dans l’au-delà du monde, assis devant une table de fumée, avec son tablier bleu, son tranchet (…) en train de faire des souliers en cuir d’ange, pour quelques dieux à mille pieds. (…) Au-dessus de l’atelier de mon père était un vaste grenier sonore comme une cale de navire. Une large fenêtre, dominant toute la cour aux moutons permettait de voir, au-delà des toits, par là-bas au loin, le scintillement de la rivière, le sommeil des collines, et les nuages qui nageaient avec de l’ombre sous le ventre. » 
Jean Giono – Jean le Bleu
Jean Giono sous les toits de Manosque (au fond, le Mont d’Or) – photo André Zucca
(Source Manosque d’hier et d’aujourd’hui)

Nous nous arrêterons aussi sur la place Saint-Sauveur et sa fontaine et où semble posée l’église du même nom. Le clocher de l’église est surmonté d’un superbe campanile en fer forgé, un des plus ouvragés et des plus anciens de Provence.

Le campanile de Saint-Sauveur

« L’église Saint-Sauveur agenouillée la bouche dans la poussière… »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
L’église Saint-Sauveur

Nous voici revenus à notre point de départ, repassons sous la porte Saunerie afin de sortir de la vieille ville, un dernier petit tour sur la droite, au début du boulevard Élémir Bourges où se trouve le Centre Jean Giono. Le centre abrite toute l’année de nombreuses expositions en relation avec l’auteur.

Le centre Jean Giono
Une salle d’exposition

« Il n’est jamais sage de quitter son pays pour courir après l’ombre de joies qui sont facilement atteintes dans leur matérielle vérité. »
Jean Giono – Préface à la géographie des Basses-Alpes 1939
Plan de ville selon les lieux chers à Jean Giono

Michèle Reymes

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