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Itinéraire de Manosque à Bargemon…

Des Alpes-de-Haute-Provence jusqu’aux collines du Haut-Var…

Je vous invite aujourd’hui à une jolie balade, nous partirons des Alpes-de-Haute-Provence plus exactement de Manosque pour aller jusqu’aux confins du Haut-Var à Bargemon en passant par les gorges majestueuses du Verdon… Allons-y !!

Sur la crête de Lure près du cairn 2000

« On a laissé chez soi (qui nous attend) tout ce qu’on appelle le confort moderne. Soudain, ici, on s’aperçoit qu’en bas il nous manque l’essentiel. Quoi ? Le temps ! Le temps de vivre, le temps d’exister, le temps de faire le tour de soi-même.(…) Tout d’un coup, on voit brusquement à quoi sert la vie, et qu’on ne vit pas. N’importe qui (d’un peu bien fait) donnerait n’importe quoi pour faire les cent pas sur cette esplanade avant d’aller dormir entre ces murs contre lesquels gronde le vent. »
Jean Giono – Provence
Plan de l’itinéraire

Manosque

« Il y a seulement vingt ans, Manosque avait encore les deux tiers de sa beauté(…) tout a disparu. Manosque n’est plus qu’un ramassis d’HLM arrogants, hideux et fragiles. (…) La seule architecture de qualité est (pour quelques temps encore, mais compté) celle des collines, des plateaux et des déserts.
En voyant cette riche vallée de la Durance, on n’imaginerait pas qu’à quelques kilomètres de là existent des territoires de solitude, de sécheresse et de vent
. »
Jean Giono – Provence

« Aussi loin que le regard puisse porter, se déroule l’espace monotone et désert : l’azur sans une faille et sans un nuage, la terre couverte de ses feuillages rouillés. Le village voisin est à quinze ou vingt kilomètres. Ce n’est pas cette distance qui effraie : ce sont les pas inutiles. À quoi bon aller là-bas où rien n’est différent d’ici ? Il y a bien longtemps qu’on a fait son compte. […] L’air d’une pureté sans égale fournit au corps une alimentation ardente qui pousse à la démesure. Si l’on ne s’éloigne qu’en soi-même, qu’on le fasse au moins avec toutes les audaces. L’écrivain qui a le mieux écrit cette Provence, c’est Shakespeare. »
Jean Giono Provence

Le plateau du Contadour, « L’azur sans une faille et sans un nuage… »

Les sommets, le Mourre de Chanier, La Sainte-Victoire et le Mont Ventoux.

« Un paysage qui ne peut que pousser au bonheur »

« C’est là qu’il faut remercier quand la route vous hisse jusqu’à la vue qui embrasse des centaines de kilomètres carrés, jusqu’au Mourre de Chanier à l’est »...
Depuis le plateau des Mourres (Forcalquier) à gauche à l’horizon le Mourre de Chanier

« …jusqu’à la Sainte-Victoire à l’Ouest »…
Et la Sainte-Victoire à gauche toujours à l’horizon et à droite du rocher de Volx

« Jusqu’au Ventoux au Nord. (…) Toutes gentilles montagnes bien élevées, bien découpées et susceptibles de prendre un joli bleu dans l’orient de la lumière. »
Jean Giono Provence

Valensole et son plateau

Valensole et son plateau c’est à voir absolument, si on aime les grands espaces et quelle que soit la saison, on ne peut qu’être conquis par autant de beauté… Une beauté sauvage et un paysage où tout semble avoir été calculé en totale harmonie avec la grande nature…
Ici une terre caillouteuse, jaune ou rouge qui s’embrase au soleil, là les sillons des plans de thym et de lavande, ici un arbre bien vert tordu par le vent, là une petite route droite bordée de poteaux électriques qui lui donnent un air de Far-West et qui file vers l’horizon, ici une ferme isolée, là un cabanon en ruine, ici une touffe de lavande encore. Tout un festival de couleurs !!!

Valensole et son église espagnole

« Valensole a une église espagnole (ou qu’on dirait). Elle émerge du plateau par la pointe de son extraordinaire clocher. Pendant quelques instants, il semble qu’elle sorte toute vivante d’un océan de lavande(…) le bourg est étagé sur le flan d’un val ensoleillé (de là son nom). »
Jean Giono – Provence
Et en été … avant la coupe de la lavande

Puimoisson, Riez-la-Romaine…

Puimoisson tout comme Valensole se situe sur le plateau, c’est un village paisible que Jean Giono fréquentait lorsqu’ il rendait visite à ses amis Maria et Ernest Borrély les instituteurs de l’école communale du village. Riez village de fontaines et de lavoirs, chargé d’histoire romaine avec ses vestiges classés dégage une belle douceur de vivre sous ses platanes centenaires.

« De là on accède en quelques kilomètres à travers les forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. Ici les éléments de la vie ne peuvent plus rester liés ensemble sans le secours des vieux courages. »
Jean Giono Provence
Puimoisson
Riez-la-Romaine

(…) « A petits pas, ou à petits tours de roues, on s’en va vers Riez-la-Romaine
(…) cette vieille ville, qui conserve encore quatre très belles colonnes d’un temple.
(…) et des ruelles d’un moyen âge poignant. »
Jean Giono – Provence

Moustiers Sainte-Marie

A Moustiers, l’étoile pour guider nos pas…

À Moustiers Sainte-Marie, comme le dit si bien Jean Giono, tout est « mise en scène », un village de crèche de Noël, très touristique par sa proximité avec les gorges du Verdon et le lac de Sainte-Croix et bien sûr célèbre pour sa faïence. Un théâtre à ciel ouvert…

« La grande mise en scène est réservée pour Moustiers Sainte-Marie. Brusquement par un détour de la route, on entre au Châtelet un soir où se jouerait à grand spectacle « La Passion d’Arnoul Gréban ». 
Voilà Bethléem (…) C’est tout d’un coup une très grande production. La mise en scène a dû coûter les yeux de la tête. (…) On comprend avec étonnement émerveillé que les rochers, les cyprès, les oratoires, les chapelles et les croix sont en matière véritable et que le metteur en scène est Dieu. »
Jean Giono – Provence

« A partir de là, la somptuosité du décor n’en finit plus… »
Moustiers, « La grande mise en scène »…

« Quand on sera bien gorgé de théâtre, je conseille de passer ici la nuit qui éteint toutes les lampes, pour venir vers les minuit, quand tout le monde dort, écouter sur la place de Moustiers le bruit du torrent qui joue dans les échos de son ravin. »
Jean Giono – Provence

Les gorges du Verdon, le château d’Aiguines et Rougon.

Tant que l’on n’a pas vu les gorges du Verdon, on ne peut pas imaginer… Trop d’adjectifs me viennent en mémoire , somptueux, spectaculaire, grandiose, superbe, majestueux… Le plus grand canyon en Europe… Ce que je peux dire c’est que lorsqu’on arrive au point sublime pour la première fois et que l’on se penche « un peu » on se sent tout petit devant le gigantisme du lieu et sa beauté vertigineuse et on a le souffle coupé !!

« Nous sommes aux portes de ce que l’on appelle vulgairement les « Gorges du Verdon » c’est un paysage shakespearien avec un soupçon de Victor Hugo et beaucoup de Gustave Doré. (…) ce sont surtout des profondeurs, des à-pics et des gouffres. »
Jean Giono – Provence

« La route monte le long d’amères pentes(…) C’est à ce moment là que la route nous met le château d’Aiguines en belle vue. C’est un très beau spécimen d’une noblesse qui ne transige pas. (…) il a quatre tours coiffées de Moustiers, il a profité de la pente sur laquelle il était juché pour dérouler ses escaliers. »
Jean Giono – Provence
Le château d’Aiguines

« C’est à ce palier métaphysique qu’il faut gagner les balcons du Verdon, car on doit se préparer aux abîmes. Ceux-ci ne sont pas seulement ici des avenues perpendiculaires vers le centre de la terre. Si vous n’êtes pas sensibles au vide, penchez-vous sur l’abîme du belvédère de Rougon. Mille mètres plus bas, un petit filet d’argent luit, un petit serpent circule en silence. »
Jean Giono – Provence

« Rien de plus romantique que le mélange de ces rochers et de ces abîmes, de ces eaux vertes et de ces ombres pourpres, de ce ciel semblable à la mer homérique et de ce vent qui parle avec la voix des Dieux morts. »
Jean Giono – Provence

Le plan de Canjuers et le vieux village de Brovès

« De l’autre côté de ces crêtes, se trouvent les grands déserts paisibles du Canjuers. Il faut se hâter de voir le Canjuers (2) pour quelques temps encore, l’Olympe ; bientôt il sera transformé en champ de tir. »
Jean Giono – Provence
Le plan de Canjuers

(…) « Que ceux qui croient aux progrès viennent respirer ici un air qu’ils n’ont jamais goûté ; qu’ils viennent s’imprégner d’un silence auquel ils ont parfois essayer de rêver ; ils ne pourront faire leurs comptes qu’après. »
Jean Giono – Provence

Sur le plateau, perdu au milieu de nulle part, il y a ce petit village que l’on appelle le « Vieux Brovès », c’est un village ruiné, un village sacrifié par l’arrivée en 1974 des militaires à Canjuers, ils y ont fait leur terrain de ‘jeux de guerre’ (3).

Il n’en reste plus grand chose aujourd’hui, beaucoup de ruines, mais le charme opère toujours… Un peu plus bas aux confins du Haut-Var, Brovès, village déplacé, renaît de ses cendres et est maintenant rattaché au village de Seillans (4), on le nomme désormais « Brovès en Seillans », village dortoir, succession de lotissements sans grande beauté mais qui a tout de même rapatrié sa vieille fontaine et son monument aux morts. Pour les anciens habitants de Brovès le lundi de Pentecôte est sacré, l’armée les autorise à revenir dans leur village pour un pique-nique de retrouvailles, eux qui se sont éparpillés aux quatre coins du département. C’est sans doute une belle journée du souvenir.

Le village de Seillans au pied du plan de Canjuers

Les collines du Haut-Var et le village de Bargemon

Bargemon est un village médiéval pittoresque du Haut Var niché dans la verdure des collines varoises, ici on respire la Provence, on apprécie les petites rues typiques et les bâtisses anciennes restaurées avec goût. On se balade tranquillement et on profite de la jolie place ombragée où les grandes terrasses nous invitent à la détente…

Bargemon posé au creux des collines (photo Adrien Leprêtre)

« Enfin une vapeur qui tremble à l’horizon signale Bargemon et on descend, tout étonné, dans un village du Moyen Âge qui paraît après ce qu’on a vu, une anticipation de l’an 2000. »
Jean Giono – Provence
La place ombragée et ses restaurants

« A Bargemon, les routes sont emmêlées comme des fils de laine dans lesquels les chats ont joué. Qu’il s’agisse de redescendre vers les pays faciles ou de continuer à monter vers l’essentiel, elles tournoient sur elles-mêmes comme si elles ne pouvaient se décider à vous conduire à un endroit ou à un autre (…) Il faut prendre soi-même la décision… »
Jean Giono – Provence

« D’ici déjà, par dessus la vallée où dorment des saules opulents, on peut entendre les rumeurs de la Nationale 7 et même de la Côte d’Azur. »

(1) À l’entrée des gorges du Verdon se trouve maintenant la magnifique retenue d’eau du lac de sainte-Croix, c’est une retenue artificielle, mise en eau en 1973 à la suite de la construction du barrage de Sainte Croix sur le cours du Verdon.

(2) Le plateau de Canjuers : encore appelé « Plan de Canjuers » est occupé depuis 1974 par les militaires, c’est le plus grand camp d’Europe continentale.


(3) Brovès, vieux village sacrifié, ancienne commune du département du Var, supprimée en 1972 lors de la création du camp militaire de Canjuers. (projet qui datait de 1963 ).
Les habitants du village qui le souhaitaient ont été relogés dans le nouveau hameau appelé Brovès en Seillans,  construit donc sur la commune de Seillans (4) dans le Haut Var. Ce vieux village abandonné est en ruine, détruit en grande partie par les militaires, ils en firent un lieu privilégié d’exercices de tirs. (Les photos figurant dans cet article ont toutes été prises avec autorisation.)

(4)Seillans – Joli village perché du Canton de Fayence, qui se trouve sous le plateau de Canjuers, c’est un endroit qui mérite le détour et où il fait bon vivre.

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Forcalquier, site remarquable et douceur de vivre.

« Quand on habite le plus beau pays du monde, on en est pas peu fier et l’on se tait, de crainte de le désigner à l’attention générale qu’il n’est jamais bon d’éveiller. Forcalquier était le plus beau pays du monde et Dieu merci personne d’autre que nous ne s’en avisait. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Notre-Dame du Bourguet à Forcalquier

Situé entre les montagnes de Lure et du Lubéron, le pays de Forcalquier est un paysage incontournable de la Haute -Provence. C’est un site remarquable, une terre d’histoire où se mêlent les senteurs et les couleurs du pays provençal, c’est avant tout, un lieu authentique.

De nos jours, Forcalquier conserve et restaure toutes les richesses de son patrimoine. Les ruelles s’entortillent pour monter à la citadelle en un véritable labyrinthe, les placettes accueillantes hébergent de belles fontaines et les terrasses des cafés et des restaurants vous accueillent à l’ombre des platanes.

La fontaine Jeanne d’Arc
La fontaine Saint-Michel

« C’est elle qui a le mieux conservé l’esprit des cités du sud comme on les rêve. Si vous voulez respirer l’atmosphère de Jean le bleu, si vous voulez de vos yeux voir de vieilles maisons comme dans le Hussard sur le toit, il faut traîner dans les vieux quartiers à ruelles pavées de Forcalquier ».
(…) Voyez la rue Grande, et la rue Marius Debout ou se succèdent de grandes demeures anciennes : entre ces rues de la ville basse et le boulevard Latourette, on repère toute une série de passages, d’escaliers, de rampes… qui donnent à ces villes une atmosphère à la fois intime et mystérieuse. »
Dominique Le Brun – Le  bâton de colline

Toute visite à Forcalquier commence par le grand marché provençal du lundi matin sur la place du Bourguet, les rues alentours et la place de la cathédrale, alors on peut dire que le marché occupe la moitié de la ville.

C’est un concentré de toutes les ressources du terroir, fruits et légumes, épices et plantes toutes plus aromatiques, charcuteries, fromages, pains, miel, olives, tourtons et ravioles du Champsaur, tissus et poteries colorées, vêtements et chaussures, paniers.

« Nous arrivons dans le pays de Forcalquier, Forcalquier qui était l’ancienne capitale de la Provence, la capitale d’été du Roi René. Le Roi René habitait l’hiver à Aix-en-Provence et l’été à Forcalquier. (…) Forcalquier garde encore d’ailleurs une sorte d’allure de vieille et d’ancienne capitale, mais de capitale de campagne, de capitale de paysans, de capitale de Moyen Age. »
Jean Giono- Provence

Le couvent des Cordeliers

Le couvents des Cordeliers

Un couvent unique, au coeur même de la ville, édifié par des Franciscains au XIIIe siècle. Sa visite permet d’admirer le cloître, c’est aussi un lieu d’expositions. Il abrite actuellement l’Université Européenne des saveurs et des senteurs.

Le couvent des Cordeliers est un couvent franciscain. Ce nom de cordeliers provient de la corde ceinturant la taille. Cette corde est nouée de 3 nœuds signifiant la pauvreté, l’obéissance et la chasteté.
Les moines ayant fait vœu de pauvreté, ils ne pouvaient se permettre de porter une ceinture en cuir.
L’ordre franciscain fut fondé à Assises par François (d’Assises !) en 1209. C’est un ordre mendiant comme les Carmes, les Augustins et les Dominicains. (source Wikipédia)

Le cimetière classé de Forcalquier

Chose rare, le cimetière de Forcalquier est un lieu de visite à ne pas manquer, on vient admirer les perspectives de ses ifs taillés en arcade. C’est ici que reposent les trois membres de la famille Drummond, malheureuses victimes de l’affaire dite « Dominici ».

La Citadelle et Notre-Dame de Provence

Notre-Dame de Provence

Il faut grimper et parcourir les ruelles médiévales pour mériter Notre-Dame de Provence, celle-ci posée sur une esplanade bordée d’un chemin de croix , domine la ville et offre un merveilleux panorama à 360°.
Chaque dimanche à 11h30, le carillonneur vient frapper les 18 cloches du carillon.

La maison des métiers du livre

Maison des métiers du livre

La Maison des métiers du livre a été inaugurée en septembre 2010, elle se trouve dans l’enceinte des casernements de l’ancienne Gendarmerie de Forcalquier, aujourd’hui désaffectée.
C’est un hôtel d’entreprises dédié aux métiers du livres, elle abrite des ateliers de gravure, graphisme, imprimerie, associations, maisons d’édition, etc…

Le site des Mourres*

Le site géologique des Mourres

Le site géologique des Mourres est situé sur les hauteurs de Forcalquier, sur la D12 conduisant à Fontienne.
C’est un lieu aride et désertique, il y pousse d’étranges champignons de pierre, sortis de terre comme par magie, de gigantesques  et inquiétants personnages, le tout dans un paysage lunaire .
La grande pureté de l’air sur ce plateau des « Mourres »*  nous fait découvrir un panorama époustouflant qui va des monts des gorges du Verdon à la vallée de la Durance, du plateau de Valensole aux Pénitents des Mées, du plateau de Ganagobie aux préalpes du pays Dignois.
C’est également un des lieux de tournage, en 1988, de « La Maison assassinée » d’après l’oeuvre de Pierre Magnan.
* Mourres : signifie ‘museau’  ou ‘visage’ en provençal

La montagne de Lure

« J’avais ouvert ma fenêtre au silence et j’avais accordé aux étoiles sur Lure un dernier regard complice(…) Je suis comme tous les gens d’ici : je sens Lure à plein nez. (…)Nous songeons en fonction de Lure. Nous voulons bien tous les changements et tous les départs, à la condition formelle de l’emporter avec nous, de la charger sur nos épaules. Nous ne partirons pas sans elle. »
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Sommet de Lure

On ne peut parler de Forcalquier sans parler de la Montagne de Lure, cette montagne avec un grand ‘M’. Ce n’est pas pour rien que le pays s’appelle ‘Pays de Forcalquier – Montagne de Lure’, les deux sont étroitement liés, on peut même dire qu’ils ne font qu’un, cette montagne magique vous offrira toutes ses richesses ancestrales et vous ouvrira les portes d’un pays grandiose qui s’étend à perte de vue, vous  vous régalerez de toutes ses belles randonnées et alors là, c’est sûr…vous voudrez rester !!

Quelques bonnes adresses pour finir …

La terrasse de l’Aïgo Blanco

L’Aïgo blanco, pour se régaler de bonne cuisine provençale dans un décor enchanteur, les cafés de la place du Bourguet pour le pastis en terrasse, les boutiques de décoration La Terraio où on trouve de belles poteries colorées, du linge de maison, des objets déco et de la vaisselle, la librairie « La Carline » et son grand choix, entre autres de livres régionaux, les distilleries de Haute-Provence pour leur pastis Bardouin et bien d’autres choses encore, le caviste ‘la cave du soleil Forcalquerenne’ et ses bons crus Pierrevert.

Jour de marché !!!

A lire :
Pierre Magnan – La folie Forcalquier
Dominique Le Brun – Le bâton de colline
Jean Giono : Provence

Michèle Reymes

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« Cet hôtel au nom dévorant et enflammé… »

L’Hôtel du Dragon, rue du Dragon à Paris

Départ pour Paris…

Lorsque Jean Giono montait pour affaires à Paris et sans doute aussi visiter son éditeur il avait pour habitude de descendre à l’hôtel du Dragon, rue du Dragon dans le quartier Saint-Germain-des-prés. Ce petit hôtel qui paraît charmant existe toujours.

« Je ne suis pas obligé de passer dans la ville pour aller à la gare. Je descends de la colline où ma maison est bâtie, je traverse un endroit qui s’appelle Saint-Pierre… Je rejoins la voie de chemin de fer que je longe ensuite jusqu’à la gare. »
Jean Giono – Noé
L’hôtel du Dragon à Paris, rue du Dragon

« Quel ordre sournois, le soir déjà lointain de ma première arrivée, m’a fait mystérieusement choisir cette rue, cet hôtel au nom dévorant et enflammé. »
Jean Giono – Les vraies richesses

« Quand je vais à Paris, je descends dans un petit hôtel de la rue du Dragon. Voilà sept ans que je suis fidèle à cet hôtel et à ce quartier. Je suis ainsi fait qu’il me faut des racines, non pas seulement où l’homme en a , mais à toute la surface de mon corps »
Jean GionoLes vraies richesses

« J’ai depuis longtemps fait amitié avec le patron de l’hôtel, sa femme et son petit garçon. J’ai approché le marchand de journaux dont la boutique est à côté de l’hôtel.
 (…) De l’autre côté de l’hôtel il y a un charbonnier bistrot. Quand j’arrive par le Boulevard Saint Germain le soir, la rue du Dragon est paisible et presque noire. »
Jean Giono – Les vraies richesses

Et retour à Manosque …

« Je n’ai jamais vu mon père porter quoi que ce soit, ni lourd, ni léger, mais alors jamais ! Il comptait sur ses filles ! L’éditeur de ses livres l’obligeait à effectuer assez souvent des déplacements à Paris où il descendait à l’hôtel du Dragon. Nous l’accompagnions à la gare à pied, depuis notre maison du Paraïs, en portant ses valises, papa se tenait juste devant nous… les mains dans les poches. En contrepartie, en cours de route, il nous racontait des histoires.
Au retour, la même chose se produisait, d’abord c’était une véritable joie pour nous d’aller l’attendre à la gare. Papa arrivait… avec ses deux valises, nous embrassait et nous collait immédiatement un bagage à chacune. Nous remontions à la maison, lui, intarissable sur son périple parisien et surtout visiblement heureux d’être de retour. Ces séjours dans la capitale ne l’enchantaient pas outre mesure. Il disait que le monument qu’il préférait était l’horloge de la gare de Lyon, car il la voyait lorsqu’il reprenait le train pour Manosque. »
Sylvie GionoPropos recueillis à Manosque
Le quai de la gare de Manosque

Michèle Reymes

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Le plateau de Ganagobie, « Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café »…

« Un balcon suspendu au-dessus de la Durance »

Le plateau de Ganagobie

« Ce plateau rond comme un plateau de garçon de café et guère plus grand, porte, à cent mètres au dessus du lit extravagant de la Durance, des terres qui viennent à peine d’émerger du déluge. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
La vallée de la Durance (à l’ouest) en arrivant sur le plateau

« Derrière le village perché de Lurs on aperçoit la montagne du Lubéron, la vallée de la Durance, la sauvagerie du paysage. »
 J.L.Carribou – 10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

Sur un plateau escarpé se dresse le Monastère Notre-Dame de Ganagobie. L’art roman y est exprimé dans toute sa splendeur dans un cadre magnifique, fondé au Xème siècle par l’évêque de Sisteron et rattaché à Cluny, c’est un monastère bénédictin qui accueille à nouveau une communauté de moines depuis 1987.

Le monastère de Ganagobie

Grimper à Ganagobie, ça se mérite ! on y accède depuis Lurs par une petite route abrupte en pente raide où il faut éviter de croiser, on débouche sur un plateau couvert de génevriers,  chênes verts et  pins d’Alep.

Le porche de l’église romane est un portail à festons, le sol est fait de mosaïques déposées et restaurées après dix années de travail, le cloître à ciel ouvert n’est visible qu’à travers des vitres.

« L’Abbaye elle même est en ruine autour de son cloître resté intact. Restée intacte aussi l’église de l’abbaye, son porche roman cent mille fois photographié et qui tire des cris d’admiration à ceux qui ne crient d’ordinaire qu’aux matches de football ». 
Jean Giono Notes sur l’affaire Dominici

Un océan de verdure : « Des vagues de terre et de l’écume d’arbres à perte de vue »

« Quand on va maintenant à Ganagobie, c’est pour quelques heures, et on choisit son jour. C’est un site admirable. Les bénédictins y ont une Abbaye. Depuis un an et demi on monte à Ganagobie par une route parfaite.
(…) « Mais il y a seulement trois ou quatre ans, avant les travaux de la route « touristique », c’était un lieu qu’on atteignait qu’après quatre kilomètres de montée abrupte par des chemins dits raccourcis. Autant dire qu’ils n’y montaient que des spécialistes. »
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Celui qui est ému à Ganagobie par les vestiges de la foi ou par les vestiges de l’histoire doit aller, à mon avis, se pencher au rebord nord du plateau, sur les fonds qui séparent Ganagobie de la montagne de Lure. Il dominera le plan cavalier d’une sauvagerie sans exemple. » 
Jean GionoNotes sur l’affaire Dominici

« Entre les collines, là où la chair de la terre se plie en bourrelets gras (…) à mi-chemin entre la plaine où ronfle la vie tumultueuse des batteries à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l’ombre froide des monts de Lure. »
Jean Giono – Colline

 C’est alors  une énorme muraille qui barre toute la largeur du plateau, le rempart de Villevieille, un très long rempart rectiligne et massif livré aux herbes folles.

La grande muraille

« Villevieille s’était abrité, depuis le haut Moyen Âge, derrière cette construction édifiée du seul côté vulnérable. De Villevieille, il ne reste plus aujourd’hui que des tas de pierres enfouis sous la mousse. »
J.L. Carribou10 balades littéraires à la rencontre de Jean Giono

La récompense est au bout du chemin avec un spectaculaire point de vue et un panorama imprenable sur la Durance et les Alpes.
Tout en bas, c’est  la rivière alanguie et veillée par les pénitents des Mées, la route vers Digne, les sommets enneigés des Alpes Italiennes, les collines du Haut Var et tout au fond du plateau de Valensole, la ligne bleue des sommets des gorges du Verdon.

La vallée de la Durance (est) depuis l’extrémité du plateau

(…) « Un petit ruban de terre entre les collines et les bois fous de la Durance. Ça peut avoir dans les cent mètres de large, aux bons endroits : d’un bord, l’eau, et quelle eau ! La rage des montagnes. De l’autre, la colline, et quelle colline ! Le plateau de Valensole : des roches, des épines, un versant raide comme pour monter au ciel. »
Jean Giono – Un de Baumugnes

« Une fois là haut donc, appuyé sur son bâton, l’accusé pouvait porter son regard et son désir sur la riche plaine de la Durance dont la partie la plus grasse était étalée sous ses yeux. »
Jean Giono – notes sur l’affaire Dominici

Dans « les Grands chemins » Jean Giono écrit :

« Au delà un autre plateau du tonnerre que grâce au vent on voit dans tout son large, jusque très loin, à l’endroit où il butte contre les montagnes bleues ».

Où encore dans « Que ma joie demeure » :

« Au fond des brumes, une sorte de radeau plat (…). Sur ces bords le soleil bouillonnait dans des forêts. Si on regardait à gauche : une barre de montagnes montait très haut (…) derrière elle, une autre montagne encore plus haute avec de la neige, et, derrière celle-là, alors un entassement de montagnes entièrement glacées. »

Afin de rejoindre le monastère, nous cheminons par l’allée de Forcalquier, autrefois appelée ‘le promenoir’ parce que les moines s’y promenaient après le repas. Avant de redescendre dans la vallée, nous ne manquerons pas de faire un détour par la boutique du monastère où les moines proposent plein de belles et bonnes choses issues de leur artisanat et une belle documentation touristique et religieuse.

Michèle Reymes

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La vallée de l’Asse … C’est le soleil qui l’a faite !!

« Parce que tout le bonheur des hommes est dans les petites vallées. »


« On n’imagine pas les découvertes que l’on peut faire, ce pays est d’une malice inouïe. Il y a par exemple de petites vallées comme la vallée de l’Asse (…) et qui apporte les eaux drainées dans les hauts massifs des environs de Castellane. Large ouverte d’abord, elle porte dans ses bras d’admirables vergers d’amandiers (…) la terre est couleur de vieil or vert (…) on entre donc dans ce pays sévère et les quelques villages qu’on rencontre se cachent sous les yeuses et ne font pas de bruit. (…) Si on était dupe de ces malices on passerait à toute vitesse. On aurait tort. Dès qu’on le prend par la douceur, ce pays ne résiste pas. On tombe sur des Tahiti de gens éblouis qui se demandent comment vous avez fait pour les trouver et que vous surprenez en train de jouir de la vie. »
Jean Giono Provence
La balade du jour !

En ce jour du mois d’août, en descendant de Gréoux, nous sommes partis en direction de la vallée de l’Asse avec en tête la seule devise qui soit : « Le soleil n’est jamais aussi beau qu’un jour où l’on se met en route »… 

Et c’était tout à fait vrai, je respectais à la lettre les mots de Jean Giono que j’ai fait miens depuis fort longtemps.

Au rond-point de Manosque, nous entamons notre balade par la D4 avant de glisser vers la droite par la D907 à la découverte de cette vallée perdue qui devait nous réserver de bien belles surprises. 

Pays perdu certes, mais douceur de vivre, calme ambiant, chants d’oiseaux, papillons, prés, petits jardins, petits bois, petits villages, lavandes, fermes isolées et travaux des champs, un circuit tout en douceur et seuls au monde !!

Ici point de musées, de galeries, de monuments, le musée, il est à ciel ouvert et le spectacle de la nature sans cesse renouvelé.

« Tu vois cette vallée de l’Asse, eh ! bien, je vais te dire, c’est le soleil qui l’a faite (…)
Le premier rayon tapait toujours dans le plateau qui tremblait mais restait solide parce que c’était un bon plateau de main de maître. Seulement, le soleil, c’est tous les jours, et toujours la même force, alors petit à petit ça a fendu les os au fond de la chair de terre, et, lentement, le val s’est creusé à coups de rayons de soleil. Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché ses glaces et elle est descendue. Puisqu’il y a un chemin, tant vaut qu’on en profite, elle a dit. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
« Quand ça a été percé, l’Asse, là-haut, s’est décidée : elle a lâché les glaces et elle est descendue… »

« Le long de ses eaux maigres, le monde devient petit sans rien perdre de ses possibilités de bonheur. Petits champs, petits prés, petits hameaux, petits vergers, des vies roulées en boule comme le chien au soleil. »
Jean Giono – Provence
A hauteur de Bras d’Asse

« Là, un banc frais de limon frais ayant gardé la forme des vagues. Plus au milieu, à plat en travers d’une île, dans les galets lisses et cerné par les eaux qui tremblent, un pin mort, ressemblant à l’épine dorsale d’un grand poisson. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« J’ai choisi cette vallée de l’Asse parce qu’elle est sévère et que pour tout dire, elle passe pour être pauvre. Elle s’enfonce en effet dans les montagnes où le climat est rude et la terre pleine de cailloux roulés. »
Jean Giono – Provence

Petite vallée paisible …

Le vieux Bras d’Asse…(village abandonné)

« Ce village, là-haut, sur l’échine galeuse de la colline et confondu dans la pierraille... »
Maria Borrély – Le dernier feu
Champ de lavande de la vallée de l’Asse

« C’est une bonne idée que tu as eue, Auguste, de faire des lavandes par ici.
– La lavande se contente d’une mauvaise terre et il lui faut du sec. »
Maria Borrély – Le dernier feu

…Où il est difficile, même en plein mois d’août, de se restaurer à l’heure du déjeuner !! Après avoir fait deux tentatives à Bras d’Asse selon les conseils du « Guide du routard » et où nous avons trouvé porte close, nous nous sommes installés à Mézel, un village typique comme on les aime et c’est à la terrasse du bar de l’avenue que nous nous sommes posés à l’ombre des platanes.

Après le déjeuner, il nous a fallu revenir sur nos pas pour retrouver à La Bégude blanche la petite route D108 qui nous a montés à Brunet … Le pays de Gaston Dominici, il y a habité et s’y est marié en 1903 (2) Nous sommes maintenant sur l’autre rive de l’Asse.

« D’Estoublon à Brunet en passant par la Bégude  (…) L’Asse crasseuse, roule son argile et bouillonne. »
Maria Borrély – Le dernier feu

« Ce pays est d’une malice inouïe »

« Les pentes les plus hautes de ce département sont des déserts blancs, le reste des landes d’une infinie beauté, couverts de lavande, portant le silence et la paix, de fayard en fayard, sous le ciel si égal et si bleu que, dans l’exaspération de l’été, il blanchit comme un visage en colère. »
Jean Giono – Provence

Le village de Brunet

Pour arriver à Brunet, il faut le vouloir, un peu à l’écart de la route, il nous faut grimper jusqu’à lui, accroché à l’ubac du plateau de Valensole.
Brunet bénéficie d’une vue imprenable sur la vallée de l’Asse. Une poignée d’habitations disséminées entre deux chemins de terre faisant office de routes « carrossables », de belles maisons de pierre magnifiquement restaurées au milieu de la verdure, l’église et le château habités et privés et bien sûr beaucoup de charme. Une impression « d’entre- soi »… 
Le village est très ensoleillé, je souligne cela car pour une fois je ne suis pas du tout d’accord avec mon auteur préféré.

L’arrivée à Brunet, un air d’Hollywood !!

« L’accusé habite Brunet, Brunet est un village de la vallée de l’Asse (…) à quinze kilomètres de l’embouchure de la vallée, Brunet. Il est sur la rive gauche, c’est-à-dire sur le versant nord du plateau de Valensole, donc à l’ombre toute la journée (…) C’est un village de vieillards. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Brunet, une vingtaine de maisons noires, dans les bois noirs, sur le flanc noir du plateau de Valensole. L’exposition au nord dérobe le village au soleil. De la vallée de l’Asse il faut monter pour atteindre le village. »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici

« Mais pour celui qui voit les toitures de ce Tibet du bord oriental de la Vallée de l’Asse, il a ensuite à ses pieds, la vallée de cet affluent de la Durance, devant lui le plateau de Puimichel, un peu à sa gauche la montagne de Lure qui, maintenant barre tout l’horizon de l’ouest comme une muraille de Chine. »
Jean Giono – Provence

En montant jusqu’au rebord du plateau de Valensole

« Du village il faut continuer à monter pour atteindre le rebord du plateau… »
Jean Giono – Notes sur l’affaire Dominici
Le plateau de Valensole avant l’orage

« Cependant, on arriva premiers au carrefour de Telle. (…)  Il y avait seulement le ronflement de l’Asse qui doucement, en bas, écartait ses limons, et le bruit du vent paresseux qui se balançait sur l’air mou de dix heures. Un homme était là à la source de cette route biblique qui s’appelle « La route des troupeaux » : une érosion de fleuve sur le dos sauvage de la colline. Il était près du poteau. »
Jean Giono – préface au Dernier feu de Maria Borrély

 « De là on accède en quelques kilomètres, à travers des forêts de chênes blancs très sauvages, au large sur lequel vogue le village de Puimoisson. »(3)
Jean Giono – Provence

« Vous avez vu comment vivre dans un monde véritable donne une simple sagesse plus délicieuse que les fruits et l’eau fraîche des sources. »
Jean Giono – Provence

« On rêve d’avoir là, une pièce blanchie à la chaux et de ne plus partir »…
Jean Giono – Provence 

(1) et (3) Maria Borrély  auteur(e) du « dernier feu »: Maria et Ernest couple d’instituteurs à Puimoisson sur le plateau de Valensole et amis de Jean Giono. Le « dernier feu » raconte la mort du vieux village perché de Bras d’Asse et sa renaissance dans la vallée. Éditions Paroles – Collection main de femme
(2) Gaston Dominici – notes sur l’affaire Dominici  

Michèle Reymes

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Avec Jean Giono à Marseille – Jour 2/2

« C’est un port, l’un des plus beaux du bord de l’eau. Il est illustre sur tous les parallèles. A tout instant du jour et de la nuit, des bateaux labourent pour lui au plus loin des mers.
Il est l’un des seigneurs du large. Phare français, il balaye de sa lumière les cinq parties de la terre. Il s’appelle le port de MARSEILLE. »
Albert LondresMarseille, porte du sud

Jour 2 donc, poursuivons notre balade au fil des quartiers en compagnie de l’auteur…

Le quai Rive Neuve

Jean Giono, « l’ami des peintres », en août 1935, se rend à Marseille chez son ami Jacques Thévenet (1) et écrit à Lucien Jacques :

« Cher Lucien, je suis à Marseille chez Jacques Thévenet (Il n’y est pas mais j’ai repris son atelier pour un mois 12 quai Rive Neuve) Si tu viens ici, arrive me voir. »
Jean Giono et Lucien Jacques – correspondance
Le Paraïs peint par Jacques Thévenet

La rue de Rome, la rue Sylvabelle et le quartier Notre-Dame

La rue de Rome, aujourd’hui complètement aménagée, ne reçoit plus que le tram qui mène place Castellane… Elle qui était si bruyante et si polluée par la densité de sa circulation est devenue havre de paix. C’est un plaisir de s’y balader en admirant les jolis magasins. Un peu plus loin la rue Sylvabelle, bourgeoise, longue et assez étroite est bordée d’immeubles  Second Empire admirablement restaurés.

La rue de Rome

« Je me suis dit que de toute façon, il était maintenant trop tard pour monter la rue Sylvabelle et gagner la colline Notre-Dame de la Garde, comme j’avais eu l’intention de le faire en quittant le tramway 54 et en m’engageant dans la rue de Rome ».
Jean Giono – Noé
Le boulevard Notre-Dame

« Après avoir vu mes experts, je m’en allais dans le quartier Notre-Dame de la Garde que j’aime beaucoup à cause de son caractère de village de colline qu’il conserve malgré qu’il soit attenant à la ville ».
Jean Giono – Noé

Notre-Dame de la Garde

Que dire de Notre-Dame de la Garde, cette bonne-mère protectrice,  tant convoitée, tant admirée, tant vénérée et sur qui l’on fonde tant d’espoir… C’est de là-haut qu’on embrasse toute la ville à 360°, un instant magique...

La Canebière

La Canebière et au fond le fort Saint-Nicolas

« Quand dans mon trolleybus de Castellane, je traverse la Canebière, je vois, là-bas au fond, le fort Saint-Nicolas et, à l’endroit où le mur a son arête en forme de proue, l’emplacement de ma cellule. »
Jean Giono – Noé

Le fort Saint-Nicolas et le fort Saint-Jean

Le fort Saint-Nicolas, érigé sur ordre de Louis XIV , est un ouvrage massif mais pour autant élégant. Il est la place défensive du vieux port dont il marque l’entrée, il impressionne par sa taille. Jean Giono y fut incarcéré quelques mois en 1939 à la déclaration de guerre.

Le fort Saint-Nicolas

« C’était une cellule pour un seul prisonnier dans laquelle nous étions deux. On était obligés de doubler les cellules parce qu’il y avait beaucoup trop de prisonniers. (…) Il y avait au sommet de notre porte cet endroit grillagé par lequel le prisonnier reçoit l’air. Cet endroit grillagé donnait en plein ciel parce que c’était une cellule qui se trouvait au sommet du fort Saint-Nicolas à Marseille. Dans cette cellule, le soir, quand la nuit tombait, que nous étions couchés, arrivait au bout d’un certain moment une toute petite étoile. »
Jean Giono – Jean Amrouche – Entretiens
Le fort Saint-Jean

Juste en face, le fort Saint-Jean donne la réplique au fort Saint-Nicolas, ouvrage défensif  initié au XIIe siècle, plus discret, plus distingué et beaucoup moins imposant mais au charme indéniable dû à sa pierre rose. On remarquera que Jean Giono note qu’il n’y a pas beaucoup de mâts dans le port de Marseille, s’il revenait aujourd’hui il serait bien étonné !! 

Les mâts du vieux port

« Il y a bien toujours quelques mâts (il y a très peu de mâts dans le port de Marseille) mais il y a surtout, haut sur l’horizon et murant entièrement tout le fond de la Canebière, le magnifique fort Saint-Nicolas. Le grand mur du fort qui me fait face se termine vers la gauche par une belle arête de proue. C’est exactement dans cette proue que j’avais ma cellule en 1939. J‘ai passé dans cette prison quelques-unes des plus belles heures de ma vie. Je ne mens pas. »
Jean Giono – Noé

L’avenue du Prado, David et les plages

Le Prado, large avenue en prolongement de la rue de Rome nous conduit tout droit vers la mer, c’est un boulevard accueillant et ombragé. Il est bordé de demeures d’un autre siècle, toutes plus élégantes avec des jardins luxuriants. L’arrivée vers le rivage et la corniche Kennedy est du plus bel effet !! 

« Sans jamais avoir eu l’allure aristocratique de celui de Madrid, le Prado de Marseille était une belle avenue ; elle est aujourd’hui dévorée par l’automobile, sauf dans sa branche qui va vers la mer où elle est restée ce qu’elle était à l’origine » (…)
Jean Giono – Provence

« Une résidence de feuillages et d’oiseaux. Elle est encore dans cette partie escortée de demeures, les unes belles, les autres dans un style 1900 assez touchant, mais toutes entourées de beaux arbres et de pelouses, parfois même de taillis. Elle débouche sur la mer dans la meilleure tradition des avenues d’aventure. »
Jean Giono – Provence
« Une résidence de feuillages et d’oiseaux »… Les allées du Prado
A la statue de David, l’avenue du Prado débouche sur la mer…

Le Vieux port

Peu importe l’heure à laquelle nous nous promenons sur le Vieux port, à chaque visite on est toujours étonné de tant de magie, on oublie toujours que c’est aussi beau… et pourtant de jour comme de nuit, on reste là à regarder, comme envoûtés !! 

Le Vieux port

Le marché aux poissons

Chaque matin, elles s’installent, les poissonnières. Elles ont le verbe haut pour attirer les touristes. Ici on trouve tout ce qu’il faut pour faire la bouillabaisse, sans compter les daurades, les sardines, les poulpes et les galinettes. 

« Ces dames de la Halle aux poissons ne jouent leurs rôles que devant l’étranger, qu’elles reconnaissent à coup sûr. Mais, si elles ont affaire à quelqu’un de leur race, elles auraient honte de s’exprimer comme au théâtre. »
Jean Giono – Provence

Et pour finir la mer…

A Marseille elle a le premier rôle… elle est celle par qui tout arrive et aussi, souvent celle par qui tout repart,  qu’elle soit bleue, verte, grise ou noire selon le temps elle est à cet endroit un des plus beaux paysages maritimes qui soit avec cette rade somptueuse, parsemée d’îles qui permet à la ville cette ouverture sur l’immensité.

« Au-dessus d’elle dort la mer qu’on voit finir au fond du ciel contre une ligne droite et noire, mais vient en bas jusqu’au ras des murs bouillonner dans des blocs de ciments (…) les étincellements du soleil d’été composent sur la mer une immense ville de terrasses habitée d’une population verte et vive »
Jean Giono – Noé
La mer (…) « Bouillonner dans des blocs de ciment »…

« (…) On arrivait de plain-pied sur la plus haute terrasse et, tout de suite, on était aveuglé par le miroitement de la mer. Mais, pendant qu’on restait ainsi un instant, les yeux clos, à regarder le frémissement de la mer courir en ondulations noires sur le rouge des paupières fermées, on était enveloppé de ce baume de liberté qui emplit les vents marins. »
Jean Giono – Noé
Depuis Notre-Dame, les îles du Frioul
Depuis la superbe terrasse du centre commercial ‘les terrasses du port’, « Tout de suite on était aveuglé par le miroitement de la mer »…

« Le climat, la langueur orientale des vastes eaux, les étés torrides, les siestes dans les salles fraîches où le bourdon des guêpes organise le halètement sensuel de rêves lourds. »
Jean Giono – Noé

Retour à Manosque

« Pour un voyage aussi court que celui-ci à Marseille, quand je rentre, je retrouve sur le quai de ma gare cet air vif des Basses-Alpes et avec lui, mon pays, comme revenant d’un dépaysement extraordinaire, c’est que l’air d’ici a un goût particulier. »
Jean Giono – Provence

(1) Jacques Thévenet (1891 – 1989) : peintre, ami de Jean Giono, il illustrera de belles éditions des romans et nouvelles de l’auteur comme Un de Baumugnes, Jean le Bleu, Provence… Ils effectueront ensemble et en famille plusieurs voyages en Italie. Pour en savoir plus, lire Giono et les peintres de Michèle Ducheny (page 282)

Michèle Reymes

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Avec Jean Giono à Marseille – Jour 1/2

« la ville est ample et généreuse (dans ses formes et sa lumière), elle a la beauté nacrée et le bourdonnement des coquillages vides. » 
Jean Giono – Provence

Je savais en partant à Marseille exactement ce que je cherchais… Mais allais-je trouver mon bonheur ? Dans cette ville en perpétuelle mutation où comme ailleurs sans doute, on n’a pas toujours pris soin de préserver le bâti ? N’allais-je pas être déçue, irritée, désemparée de ne trouver traces de tous ces lieux précisément décrits par l’auteur dans Noé entre autres. Et puis il y avait cette petite note lue avant le départ sur les plans de Marseille et ses environs (page 1 509 – La Pléiade tome III ) qui trottait dans ma tête et qui disait : « Les indications que nous n’avons pu repérer dans aucun guide ou plan, soit que nous n’ayons pas su les y trouver, soit que Giono, comme on en a la preuve pour certaines, les ait purement et simplement inventées ». Ceci étant dit je gardais bon espoir et je suis tout de même récompensée avec la découverte de la « Campagne Flotte », le domicile de Gaston Pelous (1) rue Yves Lariven, et autres lieux reconnaissables.

« Je pris la micheline de sept heures du matin. Je ne suis pas obligé de passer dans la ville pour aller à la gare. Je descends de la colline où ma maison est bâtie, (…) cette descente de la colline est déjà un très beau petit voyage.  »
Jean Giono – Noé

« Quand je suis dans le train, c’est un peu de Manosque que j’emporte avec moi. On me connaît et l’on me reconnaît, on me salue par mon nom – Ce, bonjour Monsieur Giono, où allez-vous comme ça ? (…) Dès que je descends le grand escalier de la gare Saint-Charles, je ne suis plus que la millionième partie anonyme du monstre. »
Maurice Chevaly – Notes personnelles dans Giono à Manosque 

« Pour les gens de Manosque, Marseille est une sorte de Moscou. Je veux dire une ville de rêve. Ils conjuguent pendant toute leur vie le verbe « aller à Marseille », à tous les temps et à toutes les personnes. »
Jean Giono – Noé

Aujourd’hui Jean Giono se rend chez son ami Gaston Pelous (1) qui habite Marseille tout en haut du boulevard Baille, dans une petite rue donnant sur la rue Sainte-Cécile ; plus exactement au 7 rue Mouren, devenue maintenant rue Yves Lariven. Depuis le boulevard Baille on y accède par la rue Nègre.

Jean et Gaston Pelous

« Je vais chez Gaston P., à l’extrémité du boulevard Baille. (…) Où se trouve le logement de mon ami Gaston P. qui m’a accueilli si souvent et me recueille encore si souvent que je prends sans effort sa maison pour la mienne. »
Jean Giono – Noé

« Et d’abord, en sortant de la gare, il me faut prendre un trolleybus qui me mène à la place Castellane. Mais ce matin j’aime mieux ne pas attendre le tramway. Le boulevard Baille, dans cette lumière, est charmant ».
Jean Giono – Noé
Plan du quartier


Au domicile de Gaston Pelous, au numéro 7 rue Mouren (auj. rue Yves Lariven)

« Le personnage d’Angelo est né à Marseille, sur le trottoir devant les « filles repenties ». J’habitais à cette époque, pour quelques mois, à l’extrémité du boulevard Baille, dans ce qui est actuellement la rue Yves Lariven, chez mes amis Pelous. J’occupais la chambre de la Mémé. Cette chambre donnait sur le préau d’une école maternelle ».
Jean Giono – Préface d’Angelo, Edition La Pléiade, tome IV, page 1 191

Le domaine Flotte et la rencontre avec Angelo

Plan du domaine Flotte, Prado

« Finalement, j’abandonnai la rue de la Turbine, (…) quand à ma droite, je vis une rue intitulée : avenue Flotte, elle commençait comme une rue, mais on voyait qu’à cent mètres de là elle était dans un mystère d’ombre et qu’elle continuait au-delà. (…) C’est dans le serpentement de ses allées désertes, (…) que j’ai rencontré le romantisme des temps disparus.(…) C’est là que je rencontrai pour la première fois ce personnage qui était comme un épi d’or sur un cheval noir. Il semblait être le fantôme des choses ».
Jean Giono – Noé

« Certains quartiers  de la ville comme (…) la rue de la Turbine, l’avenue du domaine Flotte, ont gardé beaucoup de charme. Certaines maisons à allure de petits couvents, (…) possèdent encore de romantiques jardins. Il suffit là d’un arbre, d’un lierre, d’une glycine. »
Jean Giono – Provence
L’entrée du domaine Flotte

Quelle ne fut ma surprise en arrivant avenue Ferdinand Flotte de trouver cette rue fermée par un immense portail (sécurisé), m’empêchant alors d’explorer ce lieu aux « allures romantiques » ! Et retrouver à mon tour Angelo, mon Hussard, car il faut le dire, c’est avant tout pour cela que j’étais venue ! Contrariée de ne pouvoir accéder à ce domaine j’ai la chance alors de rencontrer un résident de ce « petit paradis », lui-même féru de littérature à qui j’ai rapidement exposé le but de ma visite. Intéressé par ma démarche il nous invite à entrer.

N’écoutant que ma curiosité mais soucieuse de rester discrète, je pousse légèrement le petit portail et là, en effet un paradis s’offre à moi… Avec de coquets petits domaines, tous bien entretenus, une allée qui serpente dans la colline, quelques vestiges du temps passé, quelques photos plus tard nous quittons le lieu enthousiastes et émerveillés. Mille mercis encore à ce Monsieur. Il ne pouvait me faire plus plaisir.

Comme il me fallait, avant de quitter ce lieu, imaginer cette rencontre et la conserver à tout prix dans un coin de ma mémoire… Ce vendredi matin de mai, dans cet instant illusoire et dénué de toute réalité, il a surgi devant moi, Angelo (2), le Hussard, instant magique, le long de ce mur ocre de la campagne Flotte, tel « Un épi d’or sur un cheval noir » !

« Tel un épi d’Or sur un cheval noir… »

Le mur de Notre-Dame de Charité, le refuge des repenties, la rue des vertus,  deuxième rencontre avec Angelo

Je n’ai hélas pas trouvé trace de Notre-Dame de Charité, ni du couvent du refuge, ni des repenties… Au 145 du Boulevard Baille se dresse un immense parking à étages et dans la rue des Vertus un immeuble neuf et sans âme. Mais une friche jouxtant cet immeuble peut faire penser à une démolition récente… Contrariée de ce contre-temps, je n’ai cette fois aucunement cherché à rencontrer moi-même Angelo ! De toute façon, aujourd’hui dans le vacarme et l’agitation de la circulation intense que serait-il venu faire ?? 

A l’angle de la rue des vertus et du boulevard Baille, on voit clairement le couvent du refuge
mais il n’existe plus en 2018 (source Lexilogos)

« C’est le long de ce mur qu’un soir j’ai rencontré un personnage qui devait tenir une grande place dans ma vie. A dire vrai, j’en avais déjà fait une première rencontre dans le courant de la journée, dans un endroit très extraordinaire de Marseille, et peu connu, qui s’appelle l’avenue Flotte. (…) (Il va falloir que je décrive cette avenue Flotte, sinon, on va s’imaginer que c’est une avenue comme il y en a tant ; pas du tout…) Mais il n’avait fait que me frôler comme une fumée. A peine avais-je eu le temps d’apercevoir les arabesques et les trèfles de galons (…) et le casque d’or emplumé de faisanerie sous lequel était un très pur et très grave visage. (…) Nous passons le long du boulevard devant l’endroit où, un soir, celui qui ressemble à un épi d’or sur un cheval noir m’est apparu pour la deuxième fois ; où j’ai su qu’il s’appelait Angelo ; qu’il était colonel des hussards du roi de Sardaigne ». 
Jean Giono – Noé

« En arrivant à la maison, comme tous les soirs, Nini et Gaston m’attendaient avec leur bon sourire. Je dis :
– Nini, je viens de rencontrer un type épatant.
– Nous le connaissons ? dit-elle.
– Pas encore, dis-je, mais vous le connaîtrez sans aucun doute.
– Vous trouvez toujours des types épatants, Jean, dit-elle ; je ne sais pas comment vous faites.
– Je n’en sais rien non plus, lui dis-je. En tout cas, cette fois, il n’y a pas à s’y tromper. C’est un cavalier qui semblait un épi d’or sur un cheval noir. A mieux regarder, j’ai reconnu que c’était un officier des hussards du roi de Sardaigne en grand uniforme.
– Où l’avez-vous rencontré ? dit-elle.
– Là, sur le boulevard, le long du mur des repenties.
– Est-ce que c’est vrai ? dit-elle.
– Bien sûr,  dit Gaston.
– C’est tellement vrai, lui dis-je, que c’est peut-être même la seule chose vraie de tout Marseille, ce soir. »
Jean Giono – Noé

Le quartier de « La Plaine », la place et ‘Le tour du monde’… »

La place Jean Jaurès

Au dessus du cours Julien, se trouve cette vaste place bordée d’une double rangée d’arbres qui en fait un endroit plaisant, calme et très ombragé. Le bassin d’attraction décrit par Jean Giono n’existe plus hélas… Mais on y trouve tout de même un beau jardin d’enfants équipé de toutes sortes de manèges. Cet espace de verdure est un havre de paix au coeur de la ville et abrite certains jours de semaine un grand marché. 

« C’est une vaste place encadrée de chaque côté par deux allées d’arbres. Au printemps il y a ici dessus une foire. Du temps de ma jeunesse, il y avait au centre de cette place un bassin dans lequel évoluait un bateau à rames à forme de petit paquebot et pouvant contenir une dizaine d’enfants. Un feignant costumé en matelot faisait faire pour deux sous trois fois le tour du bassin, lentement, avec de longues pauses. Cela s’appelait le tour du monde. »
Jean Giono – Noé

« Viens Jean, je vais te payer le tour du monde »

« Chaque fois que je descendais à Marseille avec mon père, il me payait ça. Je montais dans la barque et j’étais navré de le quitter car il restait à terre. Il restait à terre et il faisait lentement tout le tour du bassin en même temps que moi car il était navré de me quitter. Mais, dès que nous arrivions à Marseille, lui et moi (j’avais cinq ans), il me disait : Viens, Jean, je vais te payer le tour du monde. » Il n’y a plus de bassin… »
Jean Giono – Noé

Le quartier du Panier, La vieille-Charité, L’Hôtel-Dieu et La Major

Le Panier, véritable esprit de Marseille et ses ruelles escarpées, respire de toutes ses diversités. Ses hautes maisons colorées et fleuries, de délicieuses petites placettes ombragées où il fait bon s’installer en terrasse, ses merveilles d’architecture avec la Vieille-Charité ou encore l’Hôtel-Dieu. Ces deux grandes bâtisses, l’une, la Vieille-Charité, à vocation culturelle est l’œuvre de l’architecte Pierre Puget et l’autre un ancien hôpital du XVIIe transformé aujourd’hui en hôtel de luxe.

« Un des plus beaux monuments de Marseille est la Vieille-Charité. C’est une construction à la Piranèse. Il faut la chercher dans un lacis de ruelles à « navigateurs » sur les collines qui dominent le port à droite en regardant la mer. »
Jean Giono – Provence
L’Hôtel-Dieu

« Les rues, ou plus exactement les ruelles, de ces quartiers sont encore sensibles et émues du pas du promeneur. »
Jean Giono – Provence
Petite place ombragée devant la Vieille Charité

« Mille lessives italiennes pendues aux fenêtre de la rue du Panier… » 
Jean Giono – Provence

L’abbaye Saint-Victor

L’Abbaye Saint-Victor

« Elle a des créneaux, des tours de guet, des courtines et vaguement de la contrescarpe dissimulée à ras de terre tout autour d’elle, comme un tirailleur aplati qui guette. »
Jean Giono – Description de Marseille dans Chute de Constantinople
Plan ND, vieux Port, Vieille Charité

Cette première journée riche en découvertes se termine, à présent c’est l’heure où la ville revêt ses habits flamboyants et où le vieux port resplendit des mille lumières et couleurs du soir.

« C’est l’heure où, sur le vieux port, après avoir touché les lucarnes du fort Saint-Nicolas, les rayons du soleil viennent frapper en plein la véranda du Cintra et les chambres de l’hôtel Beauvau. Les lueurs du couchant remontent la Canebière. »
Jean Giono – Provence
Le bar le Cintra et l’Hôtel Beauvau (photo La Provence)

Le bar « Le Cintra » a été remplacé par « L’OM Café ». Toutefois, à ma connaissance il existe encore  et se trouve maintenant à l’entre-sol dans l’enceinte de l’hôtel Beauvau.

« Dans chaque maison des villes et des villages et dans chaque ferme, il y a chaque soir, au-dessus du lit, dès que la lampe est éteinte, une sorte de brouillard dans lequel apparaît une ville d’or semblable à une énorme couronne de roi, semblable à une vaste couronne d’élu : c’est Marseille. »
Jean Giono – Noé

Rendez-vous pour les autres découvertes du jour 2 !!

(1) Gaston Pelous  : Jean Giono le rencontre en 1935 à Lalley dans le Trièves où la santé de son fils Guy a incité ses parents à venir passer leurs vacances. Jean Giono et Gaston Pelous se lient d’amitié, à toute épreuve, affectueuse, attentive et confiante. Ils se voient régulièrement dans le Trièves, au Contadour et à Marseille où Gaston est fonctionnaire des renseignements généraux. (Source Association des amis de Jean Giono – Manosque).

(2) Angelo le héros du « Hussard sur le toit » livre de Jean Giono et film de Jean-Paul Rappeneau

Michèle Reymes

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Promenade à Manosque avec Jean Giono, « L’École normale supérieure du bonheur »

Aujourd’hui, je vous propose une belle promenade dans Manosque. Nous découvrirons tour à tour la ville close et ses portes moyenâgeuses, ses ruelles, ses fontaines, ses églises, ses boulevards, « une ville de couvents, de jardins intérieurs, de puits et de magnifiques fontaines. »

« Je suis né à Manosque et je n’en suis jamais parti. Le charme de ce pays ne s’épuise pas… »
Jean Giono – Provence

« Au travers de tout ce que vous allez voir dans Manosque, cherchez son âme, c’est un travail qui vous paiera. »(…)
« Je suis né à Manosque et je n’en suis jamais parti. Le charme de ce pays ne s’épuise pas… »
Jean Giono Provence

Pour cette balade « gionienne » je me suis laissée guider par ma connaissance des lieux et les écrits de l’auteur mais aussi par le petit livret de Louis Michel, intitulé Une balade dans Manosque avec Jean Giono dont j’avais fait l’acquisition il y a déjà quelques années à l’Office de tourisme.

Nous entrons dans Manosque par l’avenue Jean Giono, normal me direz-vous… et tout de suite s’offre à nous la ville close qui se découvre par la porte Saunerie.

La porte Saunerie

« Il y avait à l’entrée de la ville, une belle porte moyenâgeuse, vous me direz, elle y est encore ! Non, il y a bien quelque chose qui lui ressemble, mais ce n’est plus elle, la mienne avait comme coiffure, une genoise de tuiles grises, celle-là arbore des créneaux de pierre neuve, insolites, insolents et faux. »
Jean Giono – Manosque-des-plateaux

« La Plaine », promenade Aubert Millot et ses escaliers

Si nous partons vers l’est par la promenade Aubert Millot nous passerons émus devant le Comptoir national d’escompte (maintenant Crédit agricole) où l’auteur a travaillé dans sa jeunesse et descendrons ensuite les escaliers de la Plaine pour accéder au boulevard du même nom.

Le comptoir national d’escompte

 « La ville a un visage : « La Plaine ». Un visage là, juste au bord de la route. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
La promenade Aubert Millot, « La Plaine »

« Chaque dimanche, à deux heures de l’après-midi, tout ce qui comptait ici allait en grand équipage faire promenade sur une sorte de terrasse plantée d’ormes qui domine la Plaine d’une cinquantaine de mètres… Esplanade qui s’étale sur les débris de nos anciens remparts. (…) On l’appelle Bellevue ? Ce qui s’accorde avec l’élégance qui s’y déploie. »
Jean Giono – Le moulin de Pologne

 

« Les puristes se sont moqués de nous parce que nous avons toujours parlé des « escaliers de la Plaine » ; c’est pourtant légitime. Il y en a deux, séparés par une haie de fusains, deux ouvrages bien distincts et qui autorisent le pluriel. (…) Giono toute sa vie, sans aucune dérogation, empruntera toujours le même : celui de gauche en montant, tant à la montée qu’à la descente. Il a besoin pour travailler d’une certaine harmonie. Il me le dira bien souvent. »
Pierre Magnan – Pour saluer Giono

Le quartier « d’Aubette »

En remontant le boulevard circulaire nous arrivons dans le quartier « d’Aubette ». Juste avant sur la gauche, se glisse à l’arrière de l’église Saint Sauveur la rue Chacundier, je souligne cette rue car elle a vu naître l’écrivain Pierre Magnan cher à mon coeur.

« Le quartier d’Aubette, cette porte par laquelle l’aube entre dans la ville. »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
La rue d’Aubette

Nous prenons le boulevard des tilleuls jusque la rue d’Aubette sur le trottoir de gauche se trouve la fontaine d’Aubette.

« À cette fontaine viennent boire les troupeaux transhumants… Cette fontaine de transhumance est sur le bord de la ville, hors les murs. »
Jean GionoManosque-des-Plateaux

A cet endroit , tout de suite après la fontaine, commence la Montée des Vraies Richesses, celle qui mène tout droit à la maison de Jean Giono, « Le Paraïs » et qui abrite aujourd’hui l’association des amis de Jean Giono, juste au bout d’un petit sentier du même nom. Plus haut encore, on entame l’ascension vers le Mont d’Or. 

La montée des Vraies Richesses, Le Paraïs et le Mont d’Or

« J’arrive chez moi par un petit sentier qui n’est pas, comme on dit, carrossable. (…) Après les Champs Elysées, ce petit sentier me plaisait bien. »
Jean Giono – Les terrasses de l’Ile d’Elbe

« Je la regarde quelquefois de la fenêtre de mon bureau, et je vois que c’est une ville toute dorée. C’est une ville à peu près semblable aux villes italiennes dans lesquelles je me suis baladé. »
Jean Giono – Entretiens

Après ce petit détour « hors les murs », nous reprenons le boulevard des Tilleuls pour arriver enfin à la porte Soubeyran. Ici et là nous pouvons remarquer des façades munies de poulies à hauteur de toit mais aussi de galeries couvertes.

« C’était ce qu’on appelle ici une galerie, c’est-à-dire une sorte de terrasse couverte sur le toit. »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit 
Porte charretière munie de la poulie

« De petites villes comme Manosque sont, à la vérité, des agglomérations de paysans… Chaque maison s’ouvre sur la rue par une porte charretière. »
Jean Giono – Provence

L’école Saint-Charles, la porte Soubeyran et la ville close…

Avant de pénétrer dans la ville close, un petit détour vers l’ouest jusqu’à l’école Saint-Charles sur le boulevard Camille Pelloutier , rien de plus banal, si ce n’est le souvenir de son illustre élève…

« J’allais à l’école chez les soeurs de la présentation. »
Jean Giono Jean le Bleu

« Voilà dit-elle, vous savez que nous avons à Saint-Charles une école. »
Jean GionoJean le Bleu
Le collège Saint-Charles et l’églisette…

« Le lundi de Pâques on avait des vêpres particulières dans l’églisette de Saint-Charles. »
Jean Giono Jean le Bleu

Revenons légèrement sur nos pas pour passer sous la porte Soubeyran et pénétrer dans la ville close.

« Il y avait une vallée d’ormes… La vague de feuilles commençait là-haut vers le Soubeyran… Du côté du soleil couchant, la ville est comme un pain trop cuit. »
Jean Giono – Manosque des Plateaux
La porte Soubeyran

« Il faut que j’aille tout de suite chez Giuseppe se dit Angelo. Il me semble que je dois monter par-là jusqu’à une sorte de clocher surmonté d’un bulbe de ferronnerie et sous lequel passe une porte.(…) Il arriva enfin au portail surmonté d’un bulbe en ferronnerie dont il s’était souvenu, il ouvrait sur une ruelle obscure… »
Jean Giono – Le Hussard sur le toit

Dès que l’on a passé la porte Soubeyran, en empruntant la rue du même nom, tout de suite sur la gauche se trouve la rue du Poète. A dire vrai ce n’est pas une rue mais une impasse.

« Il habite rue du poète …J’ai des amis qui vont rire parce qu’ils la connaissent bien la rue du Poète, c’est une impasse (…) au fond de la rue, le mur est troué d’une porte. »
Jean Giono – Rondeurs des jours
Rue du Soubeyran

Derrière les remparts, la place Marcel Pagnol et l’Hôtel de Ville

Nous sommes maintenant rue du Soubeyran avant de gagner la Place Marcel Pagnol et la rue des marchands. Un endroit très agréable, cette Place Marcel Pagnol, encadrée par deux bouquinistes, ombragée à souhait et parsemée de terrasses accueillantes et de restaurants, tout cela s’articule autour d’une jolie fontaine.

Rue des marchands

« Je me dirigeai vers la rue des Marchands éclairée par des boutiques. Il me semble que cette rue était chaude comme un four, qu’il m’était possible ce soir de faire comme les chiens et de retrouver dans cette chaleur les odeurs diverses de tous ceux qui habitaient là. (…) La fontaine des « quatre coins » faisait l’insolente à côté du bureau de tabac. J’avais soif et je me mis à boire au canon. L’eau me coulait dans le cou. »
Jean Giono – Jean le Bleu

Nous atteignons la place de l’Hôtel de ville et son édifice majestueux, sa belle terrasse de café et le portail de Notre-Dame de Romigier, (cette église reçoit de belles expositions tout au long de l’année). Nous entrons dans la rue Grande… Ah ! la rue Grande… ruelle commerçante où se trouve aussi la maison qui a abrité l’enfance de Jean Giono.

Notre-Dame de Romigier

La rue Torte, la rue Grande et l’église Saint-Sauveur

Nous voici dans la rue Grande, c’est au 14 donc, dans cette maison haute avec un escalier étroit que Jean Giono a passé son enfance, l’atelier de repassage où s’activait sa mère Pauline se trouvait au rez-de-chaussée  et au 3ème  étage était l’atelier de cordonnier de son père,  mais c’est juste en face au 1 rue Torte qu’il est né. 

« Cette invraisemblable rue Torte, qui se tord et se détord, coupée du boulevard des Lices, pour aller finir rue Sans nom… »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
Rue grande

« Les ruelles étroites gardent leur fraîcheur dans les étés les plus torrides… »
Jean Giono – Provence

« Je montais l’escalier et, chaque fois que mon pied rencontrait dans l’ombre la marche de grès, je tremblais de toucher un de ces crapauds blancs évadés ou bien de glisser, comme un abricot pourri, sur le coeur tout chaud d’un serpent. »
Jean Giono – Jean le Bleu

« Notre maison était toute double ; elle avait deux voix et deux visages. Au rez-de-chaussée était l’atelier de repassage de ma mère. (…) Je me souviens de l’atelier de mon père. Je ne peux pas passer devant une échoppe de cordonnier sans croire que mon père est encore vivant, quelque part dans l’au-delà du monde, assis devant une table de fumée, avec son tablier bleu, son tranchet (…) en train de faire des souliers en cuir d’ange, pour quelques dieux à mille pieds. (…) Au-dessus de l’atelier de mon père était un vaste grenier sonore comme une cale de navire. Une large fenêtre, dominant toute la cour aux moutons permettait de voir, au-delà des toits, par là-bas au loin, le scintillement de la rivière, le sommeil des collines, et les nuages qui nageaient avec de l’ombre sous le ventre. » 
Jean Giono – Jean le Bleu
Jean Giono sous les toits de Manosque (au fond, le Mont d’Or) – photo André Zucca
(Source Manosque d’hier et d’aujourd’hui)

Nous nous arrêterons aussi sur la place Saint-Sauveur et sa fontaine et où semble posée l’église du même nom. Le clocher de l’église est surmonté d’un superbe campanile en fer forgé, un des plus ouvragés et des plus anciens de Provence.

Le campanile de Saint-Sauveur

« L’église Saint-Sauveur agenouillée la bouche dans la poussière… »
Jean Giono – Manosque-des-Plateaux
L’église Saint-Sauveur

Nous voici revenus à notre point de départ, repassons sous la porte Saunerie afin de sortir de la vieille ville, un dernier petit tour sur la droite, au début du boulevard Élémir Bourges où se trouve le Centre Jean Giono. Le centre abrite toute l’année de nombreuses expositions en relation avec l’auteur.

Le centre Jean Giono
Une salle d’exposition

« Il n’est jamais sage de quitter son pays pour courir après l’ombre de joies qui sont facilement atteintes dans leur matérielle vérité. »
Jean Giono – Préface à la géographie des Basses-Alpes 1939
Plan de ville selon les lieux chers à Jean Giono

Michèle Reymes